Qui détient les résidences secondaires de la capitale ? Cette question n’a jamais été élucidée sérieusement avant une étude récente de l’Atelier parisien d’urbanisme et de l’Insee. L’enquête de ces deux institutions révèle la prédominance des Franciliens dans le paysage de ces habitations qui représentent près d’un dixième du parc de logements parisien. Dans les villes où les besoins en logements principaux sont tendus, les autorités tentent d’agir sur différents leviers pour répondre au mieux aux attentes des acquéreurs et des locataires. La « chasse » aux résidences secondaires fait partie de ces leviers. À Paris, la municipalité prévoit justement d’alourdir les charges fiscales sur ces habitations, dans le cadre de sa politique du logement. C’est dans ce contexte que l’Apur et l’Insee ont dressé le profil des propriétaires et du parc de résidences secondaires de la capitale. Le rapport issu de cette étude fournit de riches enseignements sur l’état de ce marché à part. Des petits logements détenus par des seniors À Paris, ville où l’immobilier coûte très cher, les résidences secondaires reflètent un peu les réalités du marché. Plus de la moitié de ces logements (53 %) sont plus petits que les habitations « classiques » de la capitale. Important Cette tendance s’observe surtout chez les propriétaires de plus de 60 ans, Lesquels représentent la majorité (64 %) des détenteurs de résidences occasionnelles de la capitale. Les étrangers âgés de 40 à 59 ans, qui ont des revenus plus élevés – donc capable de payer une assurance résidence secondaire et des charges supérieures à la moyenne – ont une préférence pour les plus grandes propriétés. Important 14,4 % de ces profils possèdent une surface de plus de 100 m2, Cette proportion étant limitée à 4 % chez les Français de la même tranche d’âge. L’étude souligne aussi l’attrait des arrondissements touristiques, dont les 1er, 6e et 7e, auprès des acheteurs étrangers, qui représentent 19,5 % des propriétaires. Côté nationalité, les Italiens arrivent en tête des détenteurs internationaux dans 15 arrondissements. Les Américains et les Suisses sont aussi très présents, surtout dans les 13e, 16e et 17e arrondissements. Sans surprise, ces propriétaires de résidences secondaires sont plus riches que la moyenne des propriétaires parisiens : 40 % d’entre eux gagnent plus de 6 700 euros par mois environ. Une très grande proportion de logements secondaires Toujours selon les données de l’Atelier parisien d’urbanisme et l’Insee, les résidences secondaires ont connu une très forte hausse ces trois dernières décennies, surtout depuis 2012. De 2 % en 1968, elles représentent en 2019 9 % de l’ensemble du parc de logements de la capitale. Paris compte actuellement 126 000 de ces habitations, dont 42,5 % appartiennent à des habitants de la région Île-de-France. Au niveau national, seule Nice (11 %) dépasse Paris en matière de proportion de résidences secondaires par rapport à l’ensemble du parc résidentiel. Même en Île-de-France, cette part plafonne à 4 %. À Montpellier et Bordeaux, elle descend respectivement à 3,2 et 3,5 %. Ces données sont loin d’être futiles, surtout pour les décideurs de la municipalité de Paris. La maire Anne Hidalgo prévoit d’ailleurs d’augmenter la taxe d’habitation de ces résidences, une mesure qui s’inscrit dans sa volonté de multiplier les logements accessibles aux ménages souhaitant habiter dans la capitale toute l’année.