En l’absence de traitement curatif, la stratégie des pouvoirs publics pour endiguer l’épidémie de Covid-19 repose essentiellement sur l’hygiène, la distanciation sociale, les gestes barrières et le confinement. Toutes ces mesures préventives se révèlent problématiques pour les familles mal-logées. Or, cette situation est encore trop courante en France. Elle risque ainsi de favoriser la propagation du coronavirus. Le principe du confinement est très simple. Il consiste à rester autant que possible dans son domicile. Les sorties doivent se limiter aux urgences et aux besoins vitaux (approvisionnement, promenade des animaux domestiques, rendez-vous chez un professionnel de santé, etc.). Cette situation risque toutefois d’avoir des conséquences dramatiques sur les conditions de vie des personnes habitant dans des espaces étroits, surpeuplés et insalubres. Aujourd’hui, l’accès à un logement décent est encore un luxe pour de nombreuses familles, au même titre qu’une chambre individuelle ou encore une assurance habitation locataire. Selon les derniers chiffres de la Fondation Abbé Pierre (FAP), le mal-logement concerne environ 4 millions de personnes dans l’Hexagone. Des conditions de vie déplorables Les millions de mal-logés recensés par la Fondation Abbé Pierre en France incluent notamment : Les sans-abri ; Les gens du voyage ; Les familles vivant dans des hébergements d’urgence ; 25 000 personnes accueillies provisoirement dans des hôtels. La FAP souligne que près d’un million d’entre eux habitent dans des logements surpeuplés. Par ailleurs, de nombreux hôtels et autres centres d’hébergement provisoires ne disposent pas d’équipements élémentaires privatifs (douches, cuisines, etc.). Cette situation est particulièrement inquiétante dans un contexte où la distanciation sociale est recommandée pour empêcher la propagation du Covid-19. L’indécence des lieux d’habitation pose également problème. Dans un bâtiment qui ne bénéficie pas de l’accès à l’eau potable par exemple, il est difficile de respecter les mesures d’hygiène permettant de se protéger de la maladie. En même temps, en raison de leur situation précaire, les personnes qui y résident sont souvent contraintes de continuer de travailler durant le confinement. Au final, ces travailleurs s’exposent continuellement à des risques non négligeables de contamination pour assurer leur subsistance, sans pouvoir prendre les précautions de rigueur une fois rentrés chez eux. Le confinement dans un logement exigu peut entraîner plusieurs problèmes Depuis le début de la crise sanitaire, les associations luttant contre le mal-logement ont prévenu les autorités concernant les risques représentés par ce fléau social dans le contexte actuel. Elles estiment ainsi que l’accès à une habitation convenable est indispensable pour garantir le respect du confinement et la réussite des mesures mises en place. Ces associations ajoutent que les personnes mal-logées ressentiront davantage la précarité de leurs conditions en restant chez elles plus longtemps. Par ailleurs, le fait d’être enfermés à plusieurs dans un espace confiné créera nécessairement des tensions ou aggravera les problèmes sous-jacents. Comme le souligne le porte-parole de l’association Droit au logement, Jean-Baptiste Eyraud : L'absence de domicile et la surpopulation dans des logements exigus sont toutes deux propices à la violence, à la maladie et à la fuite. Jean-Baptiste Eyraud Pourtant, si ces individus décidaient de vivre dans la rue, il deviendra encore plus difficile de gérer l’évolution de l’épidémie. En tout cas, le gouvernement a annoncé que 50 millions d’euros seront débloqués pour prendre en charge les sans-abri.