Mi-janvier, le Conseil constitutionnel a confirmé la possibilité pour tous les détenteurs d’un prêt immobilier de résilier et remplacer leur contrat d’assurance de crédit chaque année. Pour les banques, c’est un coup dur. Avec des taux de marge proches de 50 %, l’assurance représente plus de 10 % du produit net bancaire de l’activité de détail. Une étude estime à 2 milliards d’euros le montant des primes menacées, soit environ un milliard de produit net bancaire. Double danger pour les banques prêteuses Les économies promises par le changement d’assurance emprunteur concernent de nombreuses catégories de clients, mais les plus avantagés seront ceux de moins de 40 ans, n’ayant aucun souci de santé particulier, et qui ont souscrit un capital important. Important Or, ils représentent un tiers du portefeuille des enseignes bancaires. Pour empêcher cette clientèle stratégique de partir vers les concurrents, les banques se préparent depuis des mois à mettre en œuvre des solutions drastiques. Car il s’agit d’une part de retenir une source de revenus précieuses, surtout dans le contexte de faiblesse des taux d’intérêt, qui semble perdurer. Par ailleurs, elles doivent éviter la dégradation du risque associé aux contrats d’assurance décès-invalidité de groupe vendus par leurs filiales ou partenaires. Car avec le départ des profils les moins risqués, les prix des couvertures augmenteront pour les autres, notamment les seniors, les personnes souffrant de maladies graves ou celles exerçant des professions dites « à risques ». Important Bon nombre de ces emprunteurs pourraient même se retrouver exclus de l’assurance, et par conséquent, du marché du crédit. Nouveau recul des coûts attendu Face à des assureurs alternatifs prêts à se battre pour leur prendre des parts de marché, les banques vont devoir faire de gros efforts sur les prix de leur assurance emprunteur, proposer des formules individuelles avec des garanties étendues, mais aussi offrir une expérience optimisée aux clients. Toutes ces entreprises nécessitent des investissements lourds qui vont certainement peser sur leur rentabilité en 2018, même si l’activité devrait rester soutenue, permettant une stabilisation des volumes, voire leur croissance. Pourtant, les prix ont déjà enregistré des baisses annuelles de l’ordre de 2 à 3 % ces dernières années sous l’effet des réformes successives en faveur de la libéralisation du secteur. Même si un nouveau repli est attendu, les agences de notation n’ont pas encore révisé les scores des bancassureurs, estimant que la grande variété des activités des banques pourrait limiter l’impact de cette évolution réglementaire supplémentaire.