Les réformes successives en matière d’assurance de prêt semblent échouer à apporter un réel changement sur ce marché que les banques détiennent encore à 88 %. Après les lois Lagarde et Hamon, l’amendement Bourquin est entré en vigueur en janvier 2018, mais n’a pas entrainé la révolution attendue. Six mois après son adoption, l’enthousiasme des débuts est déjà retombé. Bilan mitigé de l’amendement Bourquin après six mois Avec la loi Bourquin, validée par le Conseil constitutionnel le 12 janvier dernier, les pouvoirs publics espéraient enfin changer la donne. Le nouveau texte autorise ainsi tous les détenteurs d’un emprunt immobilier à changer d’assurance de crédit tous les ans à la date anniversaire du contrat. Mais si au départ, les Français se sont précipités sur les comparateurs en ligne pour évaluer le montant des économies qu’ils peuvent réaliser, l’engouement n’a pas duré. A SavoirAinsi, depuis l’application de l’amendement Bourquin, 70 % des demandes de résiliation et de changement d’assurance emprunteur se sont traduits par seulement 3 200 substitutions effectives. Mais beaucoup ont renoncé, car la démarche s’apparente à un véritable parcours du combattant. La faute incombe aux banques, qui multiplient les manœuvres pour dissuader leurs clients de partir vers leurs concurrents ou retarder le changement. Important En effet, les cotisations d’assurance de prêt totalisent 8,8 milliards. Sur ce produit, elles pratiquent des marges pouvant atteindre 40 %, voire 50 %, compensant la faiblesse des taux d’intérêt qui perdure depuis des mois. Perspectives peu encourageantes pour les courtiers et assureurs alternatifs Leur dernière excuse en date porte sur la date d’échéance du contrat à prendre comme référence pour le changement dans le cadre de la loi Bourquin. Même si la Fédération bancaire française (FBF) a fait l’effort de publier un guide des bonnes pratiques à l’intention des professionnels, elle permet aux banques de choisir entre 5 dates différentes. Les courtiers attendent ainsi une décision claire du CCSF. Alors que la menace de l’arrivée des GAFA plane sur le secteur, ces derniers, tout comme les assureurs alternatifs, se demandent s’il est pertinent de déployer d’énormes efforts pour décrocher un nombre limité de contrats. Ces professionnels redoutent que malgré l’arsenal législatif dont ils disposent, ils ne fassent pas le poids face aux établissements bancaires.