À première vue, l’économie de la Suède se trouve au mieux de sa forme, avec une croissance stable, un taux de chômage à un niveau plancher et les finances publiques excédentaires. De quoi lui offrir un accès à la zone euro. Mais le royaume doit aussi faire face à la montée des dettes des ménages ainsi qu’aux inégalités qui sont de plus en plus marquées. Cette année s’annonce fort prometteuse pour la Suède qui voit son bilan économique passer au vert. Si l’on ne cite que le niveau de sa croissance, l’excédent dans ses finances publiques, le taux de chômage amoindri ainsi que le développement de ses investissements et de ses exportations. Toujours est-il que le royaume suédois ne profite pas, comme l’on s’y attend, de la situation. Si ce n’est la révocation par la population de l’idée d’adhérer à la zone euro. Mais encore, il doit se mettre à l’évidence que les Suédois sont fortement endettés. Sans parler des inégalités entre citoyens qui s’étendent de plus en plus. Par ailleurs, le pays se retrouve aussi actuellement à la limite de la souveraineté de son modèle d’État-providence. Un bilan économique positif, mais pourvu de contrastes Plusieurs indicateurs démontrent que la situation économique de la Suède est nettement brillante cette année. Le taux de croissance de son PIB s’établissait à 2,3% pour une perspective de s’élever encore à 2,4% selon Eurostat. Le nombre de la population au chômage n’a d’ailleurs jamais été aussi bas au cours des six dernières années, avec un taux de 5,9% en février et de 6,4% en juillet dernier. Ses finances publiques, quant à elles, affichent un excédent budgétaire de 1,3% et une dette publique à hauteur de 41% du PIB. Le macroéconomiste Knut Hallbert estime que cette performance va au-delà des résultats escomptés. Il faut aussi savoir que l’évolution économique du pays dépend essentiellement des investissements est des exportations. Or, ces opérations ont été très encourageantes. Le royaume pourrait aisément intégrer la zone euro, mais la majorité des Suédois s’opposent à cette idée. L’État-providence suédois menacé Les dettes exorbitantes des ménages ternissent quelque peu le succès de la Suède. C’est d’ailleurs devenu un problème commun des pays nordistes. Quoi qu’il en soit, le niveau moyen d'endettement des Suédois a doublé en dix ans, rendant plus courant le recours aux rachats de crédits. Et cela, malgré les conditions d’accès qui se sont récemment endurcies. D’un autre côté, la population voit sa capacité d’épargne augmenter, mais les inégalités en termes de niveau social deviennent de plus en plus flagrantes. Il faut savoir que la Suède est un pays égalitaire. Or, cette image est mise à mal depuis 30 ans déjà. Elisabet Kopelman, une autre économiste, a constaté que trouver un logement dans les grandes villes devient de plus en plus difficile. La crise économique du début des années 90 n’a fait qu’empirer la situation, réduisant « le périmètre de générosité » de l’État-providence prôné par la nation. Sans parler de la pression démographique qui plane sur le maintien de ce modèle national. D’après Knut Hallberg : « On peut déjà être sûr qu'il sera davantage sous pression pour des raisons démographiques. Dans dix ans, la proportion des Suédois âgés de 80 ans et plus aura augmenté de 50% ». Knut Hallberg Mais au spécialiste du sujet, Yohann Aucante de temporiser : « Le pays garde un État social parmi les plus développés, qui fonctionne plutôt bien, avec des taux de satisfaction qui ne sont pas anodins et des congés parentaux toujours plus élevés ». Yohann Aucante