L’Insee et le gouvernement annoncent une progression du pouvoir d’achat, notamment pour ce dernier trimestre. Les Français restent pourtant sceptiques, et affichent même une opinion négative concernant l’évolution de leur niveau de vie. Question de méthodologie ou tendance nationale au pessimisme ? Les spécialistes avancent différentes thèses pour expliquer cette divergence. La méthodologie de l’Insee serait à revoir Important 86 % des Français estiment que leur pouvoir d’achat a baissé en 2018, alors que l’Insee avait annoncé une augmentation de +1 %, prévision qui a été portée à +1,3 % lors du dernier rapport de conjoncture de l’institut. Ce décalage entre les chiffres et la perception des ménages pourrait s’expliquer par la méthodologie utilisée. Selon Philippe Herlin, auteur de l’ouvrage Pouvoir d’achat : le grand mensonge paru début octobre, l’indice des prix à la consommation, utilisé par l’Insee pour effectuer ses calculs, ne tient pas suffisamment compte des dépenses du logement. Philippe Herlin D’après lui, les revenus des ménages ont été fortement impactés par la hausse des prix de l’immobilier. Le recours aux rachats de crédits, dans le contexte actuel de faiblesse des taux, permettrait toutefois d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages en réduisant les mensualités de leur crédit immobilier. Une opinion encore marquée par la baisse du 1er trimestre et les mesures négatives D’autres raisons peuvent aussi expliquer cette contradiction concernant le pouvoir d’achat. Les Français s’avèrent plus sensibles aux mesures négatives, comme la hausse de la CSG. Ils ressentent aussi plus durement les hausses de prix affectant leur quotidien Hélène Baudchon , avance pour sa part Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. En revanche, les évolutions positives ne paraissent pas intégrées , rajoute-t-elle Important La suppression de certaines cotisations et la baisse d’impôts, qui sont effectives à la fin du mois, ne sont pas tellement prises en compte par les ménages. Par ailleurs, le rythme des réformes, négatives et positives, a semblé favoriser les caisses de l’État et n’a pas laissé une bonne impression. Enfin, le sentiment d'une dégradation du niveau de vie est un reflet de la réalité : c’était le cas au premier trimestre. Aujourd’hui, malgré la hausse annoncée par le gouvernement, les Français restent pessimistes quant à une amélioration de leur pouvoir d’achat.