Agrandir le champ d’intervention de l’Assurance maladie dans la prise en charge des actes médicaux, au préjudice des organismes complémentaires. C’est l’objectif de la « Grande Sécu », qui inquiète vivement les mutuelles santé à l’heure actuelle. D’après ces acteurs, ce projet appuyé par le ministre de la Santé risque d’entraîner l’arrêt de leur activité. Aujourd’hui, le système de santé en place en France est connu pour être confronté à différents problèmes structurels. Pour les résoudre, plusieurs suggestions ont été avancées. L’été dernier, le HCAAM (Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie) a été missionné pour les examiner. Dès lors, une observation a été portée sur celle liée à la « Grande Sécu ». Une réforme soutenue par Olivier Véran, ministre de la Santé, dont la concrétisation éventuelle trouble les mutuelles. Les établissements complémentaires à l’Assurance maladie craignent que ce projet provoque leur disparition. Pourtant, certains spécialistes estiment qu’il n’en sera rien. D’après eux, ces organismes pourront continuer à prendre en charge divers frais. Les organismes complémentaires critiquent le raisonnement du gouvernement C’est notamment le cas, lors d’une admission à l’hôpital, de ceux liés aux chambres particulières. Par ailleurs, les mutuelles conduisent d’autres activités telles que la prévoyance. Elles auront également toujours la possibilité de commercialiser des surcomplémentaires. Ces couvertures permettent au patient d’être couvert à 100 %, même pour les actes non remboursés par l’Assurance maladie. Pour en chercher un, l’on peut consulter un comparateur mutuelle. Malgré tout, les organismes complémentaires demeurent inquiets et contre cette « Grande Sécu ». Ils condamnent même la logique du gouvernement. L’élévation des primes apparaît irraisonnée sur le plan lucratif, indique notamment la Mutualité française. Elle souligne que pour conserver le pouvoir d’achat de leurs affiliés, mais aussi dans un cadre concurrentiel, les mutuelles : […] N’ont aucun intérêt à augmenter leurs cotisations. Elle affirme aussi qu’il s’agit simplement de la répercussion de l’accroissement des dépenses de santé de la population française. Une solution à la complexité du système de santé actuel Dans un communiqué, le syndicat professionnel des mutuelles remarque : Vieillissement de la population, soins de plus en plus coûteux en raison d’innovations technologiques, développement des maladies chroniques. Il rajoute que : Les cotisations des mutuelles ont toujours évolué au même rythme que les prestations qu’elles servent, soit 3 % par an en moyenne entre 2006 et 2018. Concrètement, la « Grande Sécu » repose sur une modification du partage de rôle dans la prise en charge des soins. Les mutuelles verraient ainsi leur domaine d’action se rétrécir au profit de la Sécurité sociale. Actuellement, cette dernière rembourse trois quarts des dépenses de santé. La part restante est payée par le patient (10 %) et son assureur (15 %). Dans le système en place, un acte médical peut donc aboutir à deux remboursements différents. C’est pour remédier à cette complexité qu’Olivier Véran défend fortement la « Grande Sécu ». Dans sa configuration la plus rigoureuse, cette dernière déboucherait en effet sur une forme de nationalisation du système de santé. Dans celui-ci, l’Assurance maladie rembourserait à elle seule presque tous les soins donnant droit à une prise en charge.