Contrairement à certaines idées reçues, les chefs d’entreprise ont souvent tendance à travailler plus et plus longtemps que les salariés. Ils sacrifient parfois leur temps libre et même leur sommeil en raison de leur responsabilité au sein de leur société. Ainsi, selon une étude récente, près d’un dirigeant sur cinq risque d’être victime de burn-out en France. Les pouvoirs publics sont particulièrement attentifs à des sujets relatifs à la santé au travail comme la mise en place effective d’une mutuelle obligatoire d’entreprise. Il s’agit en effet d’une question essentielle pour assurer le bien-être des salariés et garantir leurs performances économiques. Les dirigeants, en revanche, sont souvent laissés pour compte. Pourtant, la santé du patron est un élément décisif dans le bon fonctionnement d’une entreprise. Ce constat est encore plus pertinent dans les petites structures telles que les PME ou les TPE. D’ailleurs, plus la taille de l’établissement est réduite, plus les enjeux deviennent importants. L’État devrait donc en tenir compte et prendre des mesures en conséquence. Une menace sous-estimée Le burn-out chez les chefs d’entreprise est un sujet souvent éludé dans le monde du travail, surtout par les premiers concernés. La plupart d’entre eux n’aiment pas en parler. D’autres sont tout simplement dans le déni. Pourtant, le problème est réel. Sans une prise en charge adéquate, il risque de toucher encore plus de personnes et de s’aggraver chez les plus fragiles. Ainsi, d’après Olivier Torres, enseignant-chercheur, spécialiste de la santé du dirigeant : Il faut absolument que les pouvoirs publics prennent en considération ce danger. Olivier Torres Selon le fondateur de l’observatoire Amarok, les organismes publics chargés de la santé au travail doivent désormais inclure les dirigeants d’entreprise dans leur réflexion. Ils pourront ainsi améliorer la prévention et la prise en charge du burn-out chez cette population. Toutefois, le spécialiste ne plaide pas pour la mise en place de dispositifs spécifiques comme une visite médicale dédiée aux travailleurs non salariés qui serait payante. Il incite surtout les institutions étatiques à miser sur les chambres consulaires et les syndicats patronaux. Une fois conscient de la situation, le monde de l’entrepreneuriat sera en mesure de gérer lui-même et plus efficacement la menace planant sur ses membres. Les chambres consulaires devraient ainsi bénéficier d’une prérogative régalienne sur la santé des chefs d’entreprise. Un temps de travail plus important L’enseignant-chercheur Olivier Torres est un spécialiste de la santé du dirigeant. Il a fondé l'observatoire Amarok en 2009, notamment pour observer les corrélations entre la santé des dirigeants et celle de leurs entreprises. Après 10 ans de recherches, l’expert a récemment coécrit une étude concernant le dépistage et la prévention burn-out chez les dirigeants de PME. D’après ses travaux, publiés dans La Revue Française de Gestion, 17,5 % des patrons en France risquent de subir un burn-out. Ce chiffre s’explique entre autres par l’augmentation significative de la charge de travail du dirigeant proportionnellement à ses responsabilités au sein de l’entreprise. Comme le souligne l’expert, le travail occupe une place très importante dans la vie de cette partie de la population. Ainsi, le temps de travail hebdomadaire des patrons s’élève à 50,5 heures en moyenne. Ils effectuent donc 11 heures supplémentaires par semaine par rapport à leurs salariés. Par ailleurs, les dirigeants consacrent plus de semaines à leur activité tout au long de l’année. Personnellement impliqués dans leur travail, les chefs d’entreprise manquent souvent de sommeil, ce qui les rend d’autant plus vulnérables au burn-out. Olivier Torres souligne : Ils dorment moins pour travailler plus. C'est le phénomène que j'appelle la rogne du sommeil. Olivier Torres