Tous les hôpitaux français se mobilisent pour faire face à l’épidémie de Coronavirus en France. Ceux de Toulouse n’en font pas exception. Le CHU de la ville, entre autres, subit une forte pression en raison de la recrudescence des cas aggravés. Et encore faut-il préciser que la tendance n’est pas près de s’inverser. La France continue à subir les affres de la pandémie, avec un bilan de plus en plus alourdi chaque jour, dépassant les 6 500 contaminations aux dernières nouvelles. Et l’on devrait encore s’attendre à des jours difficiles, à en croire les estimations du chef du gouvernement. Les professionnels de santé se doivent d’être fin prêts pour affronter les nouvelles vagues d’hospitalisations. Ceux du CHU de Toulouse, entre autres. Car si la statistique y est encore loin d’être préoccupante, une explosion en nombre aussi bien en simple admission qu’en réanimation a été enregistrée dernièrement. Sans oublier les appels qui dépassent toujours les chiffres habituels. Mais au milieu de ce raffut, où le personnel n’est pas épargné par la maladie, force est d’admettre que le centre tient à cœur au bon traitement de ses malades. Des cas en nette recrudescence La pression liée à l’épidémie de Coronavirus n’a pas épargné le CHU de Toulouse quoiqu’en comparaison avec le nombre de malades recensés auprès des centres des autres villes françaises, le sien demeure bien moins alarmant. L’on peut même conclure à un décalage de quinze jours, de l’épidémie, par rapport au nord-est de la France. Quoi qu’il en soit, le pic n’est pas encore atteint, à en croire les responsables du centre lors d’un point presse qui s’est déroulé le vendredi 27 mars. Et l’hôpital se trouverait actuellement sur une pente ascendante, ne serait-ce que considérer les appels reçus qui se sont révélés deux fois plus qu’en temps normal bien qu’il ait reçu quatre fois plus la semaine précédente. Sans oublier le débordement des ambulanciers et du SMUR du fait d’un décuplement de leur activité. De fait, 125 malades ont été relevés par la direction au 3 avril dernier, qui pourraient faire valoir leur assurance hospitalisation. 40 d’entre eux sont en réanimation et 20 en soins intensifs. Des hospitalisations au quadruple de celles de la semaine d’avant, voire au quintuple pour les patients à réanimer. Au dirigeant du Samu 31, Vincent Bounes, de confirmer : Nous prenons en charge beaucoup plus de cas de personnes en détresse respiratoire. Vincent Bounes Auquel s’ajoutent les commentaires du professeur Pierre Delobel, chef du service des maladies infectieuses au CHU : On est en deçà de nos capacités, mais on reçoit des patients qui ont tous besoin d'oxygène. Pierre Delobel À savoir, quatre patients ont succombé des symptômes du Coronavirus dans les hôpitaux toulousains à ce jour. À la responsable du service anesthésie et réanimation à l'hôpital Purpan, Béatrice Riu-Poulenc, de préciser : Le pic d'âge est entre 55 et 65 ans, des personnes qui ne souffrent pas de pathologies lourdes, un peu d'hypertension... Des choses normales pour leur âge. Le plus jeune patient a 22 ans, un autre a 30 ans, mais ils ont une comorbidité (NDLR : Ayant fragilisé leur santé). Béatrice Riu-Poulenc Sur le pied de guerre Le centre hospitalier universitaire de Toulouse semble s’être livré à une « drôle de guerre », comme l’a qualifié son DG. Il se trouve que le personnel de l’hôpital est aussi touché par l’épidémie. Parmi les 15 000 employés, 55 agents se trouvent actuellement en arrêt maladie. Ce qui n’empêche pas les équipes d’être bien préparées. D’ailleurs, les soignants moins affectés demeurent actifs, mais ne sont pas mis en contact avec les patients. Parallèlement, 3 700 agents pourront être mobilisés en cas d’urgence. Sans oublier les 400 lits au minimum qui sont prêts à accueillir des patients infectés, notamment ceux qui seront transférés depuis les départements de l'ex Midi-Pyrénées et de l'ouest de l'Aude. Une autre façon d’affronter cette crise serait de participer aux recherches de traitement. Et c’est ce qu’a admis le professeur Pierre Delobel qui ne veut écarter aucune piste tout en respectant quand même les protocoles. En effet, le CHU a recours à l'hydroxychloroquine, mais aussi à d'autres molécules dans le cadre de l’essai clinique Discovery. Et le dernier qui n’est pas des moindres concerne le maintien du lien avec les familles des patients. Car il ne faut pas oublier que les visites leur sont interdites alors qu’il s’agit d’un besoin des plus fondamental. À la docteur Béatrice Riu-Poulenc de préciser : Tous les jours, le médecin passe un coup de fil à la personne référente pour chaque patient quand il a terminé sa tournée. Il est question d'avoir rapidement deux téléphones par service de réanimation pour pouvoir communiquer en visuel, faire du whatsapp. Sachant que chez nous, on a 90% de personnes ventilées ou intubées qui ne peuvent pas communiquer. Les familles sont inquiètes ce que l'on comprend, donc on leur donne des nouvelles. Béatrice Riu-Poulenc