Récemment arrivés à leur poste, certains maires souhaitent déployer des mesures en faveur de la préservation de l’environnement. Les acteurs du logement redoutent les projets de ces élus qui risquent de ralentir, voire de suspendre les nouvelles constructions. Selon les professionnels du bâtiment et les promoteurs, une importante hausse des prix est susceptible de survenir. Durant la campagne municipale, de nombreux candidats ont clairement pris position contre les nouvelles constructions pour préserver l’environnement. Certains ont même promis de geler les projets immobiliers afin d’empêcher la bétonisation de leur circonscription. Les résultats des dernières élections ont donc provoqué de fortes inquiétudes dans le domaine du logement. S’il se produit, le mouvement anti-bétonisation tant redouté par les professionnels du bâtiment risque de se répercuter jusque dans le secteur de l’assurance habitation. Certains acteurs essaient néanmoins de relativiser en comptant sur l’évolution de la position des élus. En effet, ce type de fonction oblige généralement à faire preuve de pragmatisme et de souplesse. Des inquiétudes compréhensibles Éric Piolle a été réélu maire de Grenoble lors des dernières municipales. Durant son précédent mandat, la délivrance de permis de construire dans la métropole a chuté de 40 %. De nombreux professionnels redoutent ainsi l’effondrement du marché de la construction avec sa reconduction. Plus globalement, certains acteurs du secteur s’inquiètent du contexte actuel en France. En effet, le débat public tend désormais à se concentrer sur des thématiques liées à la protection de l’environnement, comme les initiatives contre l’étalement urbain. Selon cette idée, les zones rurales sont menacées par l’expansion trop rapide et démesurée des villes. Ce phénomène est par ailleurs dénoncé pour entraîner l’artificialisation des sols. Face à cette nouvelle tendance, les constructeurs appréhendent l’avenir. Ils critiquent également la position de la Convention citoyenne pour le climat sur le sujet. Patrick Vandromme, qui dirige l’entreprise spécialisée dans la construction de maisons Hexaom, s’interroge : Si on ne fait plus de maisons et qu'on ne fait plus d'immeubles, qu'est-ce qu'on va faire ? Patrick Vandromme Des changements parfois radicaux Dans l’ensemble, les candidats à la mairie ont axé leur campagne et leur programme autour de la protection de l’environnement. Toutefois, cette prise de position a souvent entraîné une certaine hostilité envers les constructions et les autres initiatives contribuant à l’expansion des villes. Le nouveau maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, s’est notamment démarqué par sa solution drastique contre la bétonisation de la ville. Il envisage en effet de geler les projets immobiliers au sein de la métropole. Les professionnels du bâtiment se sont habitués au réajustement des politiques communales après les élections. Cependant, cette fois-ci, il s’agit d’un basculement plus radical. Selon le président de la Fédération française du bâtiment, Olivier Salleron : On s'attend toujours à ce que des villes basculent d'un côté ou de l'autre. Mais là, on crée une idée nouvelle, celle qu'il faut vivre d'une façon différente. […] Aujourd'hui sont arrivées des personnes qui ont vraiment des idées bien arrêtées et je pense qu'il va y avoir un sacré blocage. Olivier Salleron