40 % des occupants des résidences universitaires (environ 59 000 étudiants) n’ont pas pu rentrer auprès de leur famille ou rejoindre leurs pays d’origine depuis l’instauration du confinement. Ils sont donc obligés de rester dans les logements gérés par les Crous. Pourtant, les restaurants universitaires et les épiceries solidaires ont tous été fermés à cause des mesures de quarantaine. De nombreux souscripteurs d’assurance logement étudiant vivent actuellement hors des résidences universitaires. Conscient de la fragilité de cette population, le ministère de l’Enseignement supérieur a décidé d’annuler leurs loyers pour le mois d’avril et de laisser ouverts les logements gérés par les Crous. Les emplois au niveau des campus seront également préservés comme l’a annoncé la ministre Frédérique Vidal en mars dernier. Ces dispositions visent à soutenir les étudiants en cette période de crise sanitaire et économique. Toutefois, la précarité étudiante tend à s’aggraver depuis le début du confinement. Cette situation s’avère particulièrement flagrante au quotidien dans les résidences des campus. Des mesures supplémentaires sont donc requises à l’échelle nationale. Différentes formes de soutiens financiers En raison des difficultés rencontrées par les occupants des résidences universitaires, les associations étudiantes demandent à ce que leurs loyers soient gelés durant le confinement. Cette décision revient au ministère de l’Enseignement supérieur. En attendant, chaque établissement s’efforce de mettre en œuvre son propre dispositif de soutien. L’université de Lille, par exemple, propose des aides financières et des cartes de paiement électroniques aux étudiants confinés dans les résidences de Crous (Centres régionaux des œuvres universitaires). Grâce aux e-cartes, ils peuvent payer directement leurs courses et leurs différents achats dans les magasins. Pour faire face à la crise actuelle, la ministre Frédérique Vidal a récemment annoncé le déblocage de 10 millions d’euros pour financer les aides d’urgence au niveau des Crous. Cette somme est avant tout censée permettre aux étudiants de régler leurs dépenses de santé. Selon Dominique Marchand, présidente du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires) : C’est tout à fait significatif alors que l’année universitaire est déjà bien avancée et par rapport à l’enveloppe annuelle, qui est déjà de 48 millions d’euros. Dominique Marchand Enfin, la CVEC (Contribution de vie étudiante et de campus) sera en priorité consacrée aux bons d’achat alimentaires et aux accessoires informatiques. À noter que cette aide est versée par les Crous et les universités. Actions solidaires en faveur des étudiants les plus vulnérables Depuis le début du confinement, le Cnous s’est inquiété du nombre d’étudiants qui n’ont pas pu rentrer chez eux. Le problème concernait par ailleurs beaucoup de boursiers internationaux ou venant des départements d'outre-mer. Dans les deux cas, ces étudiants sont souvent plus exposés à la précarité durant la crise. Comme l’a souligné Dominique Marchand : Le nombre de demandes d’aides sociales a fortement augmenté ces dernières semaines. Dominique Marchand La dégradation des conditions de vie dans les résidences s’explique notamment par la suspension des stages et la perte des emplois typiques des étudiants. En effet, la majorité de ces activités ne font pas partie des services considérés comme essentiels dans un contexte d’urgence sanitaire. Ainsi, les universitaires concernés se retrouvent sans revenus tout en étant obligés de respecter le confinement. À Villeneuve-d'Ascq, 2 000 résidents sont restés confinés sur le campus de la cité scientifique, dans des logements de 9 m². Ils sont actuellement soutenus par le Secours populaire à travers la livraison quotidienne de produits de première nécessité, comme des pâtes, du riz, des céréales, etc. La direction de l’université envisage de débloquer 500 000 euros supplémentaires, en plus du fonds d’urgence qui a déjà permis d’offrir une aide de 200 euros à 1 200 étudiants.