En vigueur depuis janvier 2018, l’amendement Bourquin autorise les détenteurs d’un crédit immobilier à changer d’assurance à chaque date anniversaire. L’objectif de cette réforme, comme les précédentes, est de favoriser la concurrence et permettre aux emprunteurs de réaliser des économies. Mais dans la pratique, le marché peine à évoluer à cause de la réticence des établissements prêteurs. L’assurance emprunteur, le meilleur levier pour réduire le coût de son crédit Les ménages qui souscrivent un prêt à l’habitat se préoccupent en priorité, voire exclusivement, du taux d’intérêt. Or, ceux-ci ont récemment battu des records de faiblesse, descendant même en dessous des seuils historiques observés en novembre 2016. Dans ce contexte, l’assurance emprunteur devient le meilleur levier pour faire baisser le coût total du financement. D’après les courtiers Cette couverture indispensable de tout crédit à l’habitat représente en moyenne le quart de la note finale, mais peut atteindre 40 % sur les dossiers ayant bénéficié d’un TAEG très attractif. En s’adressant à une compagnie indépendante au lieu de signer le contrat groupe proposé par la banque, comme l’autorise la loi Lagarde, l’emprunteur peut réduire sa cotisation d’assurance plusieurs milliers d’euros sur toute la durée du prêt. Les trentenaires en bonne santé et non-fumeurs peuvent même espérer jusqu’à 15 000 euros d’économies sur 20 ans. Pas de changement sur le marché malgré les efforts du législateur Important Mais les 33 % de Français qui ont un crédit immobilier en cours, et dont plus de 80 % sont couverts par l’assurance de l’établissement prêteur, préfèrent la renégociation ou le rachat de crédit pour payer moins cher. L’assurance en délégation est loin d’être un réflexe en dépit des efforts du législateur. Après l’introduction du libre choix de l’assureur en 2010, ce dernier a autorisé en 2014 le changement d’assurance durant la première année de prêt. En 2018, ce droit à la résiliation a été étendu à tous les contrats, quelle que soit leur ancienneté, à condition de respecter un délai de préavis de 2 mois avant la date anniversaire de la signature du contrat de crédit. Mais la révolution attendue n’a pas eu lieu, principalement à cause des certaines banques, qui multiplient les manœuvres pour empêcher le départ des clients. Dans le but de faire bouger les choses, le sénateur Martial Bourquin, à l’origine de la dernière évolution réglementaire en date, a déposé une nouvelle proposition de loi. Celle-ci clarifie la date de référence à prendre en compte, et suggère l’application de sanctions à l’encontre des prêteurs qui refusent de jouer le jeu. Faute de réponse dans les prochaines semaines, l’élu du Doubs prévoit de déposer des amendements dans le PLF 2020. Important Pour lui, les prix exorbitants pratiqués par les banques sur l’assurance représentent une perte de pouvoir d’achat d’environ trois milliards d’euros pour les ménages, une somme qui doit leur être restituée avec le soutien de l’État.