En France, les autorités recensent 11 millions de personnes souffrant d’une affection de longue durée (ALD). Mais au total, les pathologies chroniques toucheraient plus de 20 millions de Français, et leur prévalence augmenterait continuellement. Le Conseil économique social et environnemental (CESE) tire la sonnette d’alarme et réclame une révision urgente du système de santé national. Inadéquation du système de santé actuel Plusieurs phénomènes contribuent à la forte augmentation des maladies chroniques dans l’Hexagone : l’allongement de la durée de vie, les changements environnementaux, les habitudes de vie (alimentation, sédentarité, addictions, etc.), les conditions de travail qui se durcissent. Pourtant, le système de santé français a connu des améliorations significatives, en particulier dans le domaine de la lutte contre les maladies aigües, qui permet aux personnes de vivre plus longtemps sans souci médical majeur. Le CESE relève néanmoins une grosse faiblesse : son organisation « cloisonnée » divisée en métiers, avec une opposition entre médecine de ville et l’univers hospitalier, mais également entre médical et social. Il en résulte de nombreuses ruptures tout au long du parcours de soins, qui s’apparente davantage à une succession de prestations médicales. Selon le Conseil, Ce modèle est incompatible avec la mise en œuvre d’une politique efficace de prévention et de prise en charge des affections chroniques. Important Il appelle en conséquence à une meilleure coordination des professionnels de la santé, l’objectif étant de parvenir à une prise en charge globale et cohérente, au lieu de se cantonner au partage d’informations et à des traitements distincts. Les principales recommandations du CESE articulées autour de 3 axes Important Pour le CESE, la prévention est cruciale. Outre l’éducation pour éviter les comportements à risques, il réclame des efforts concernant la formation professionnelle sur la gestion des maladies chroniques. Ces deux volets devraient s’inscrire dans une politique publique de prévention accordant une place importante à une information « transparente, fiable et compréhensible » du public. Il veut en outre encourager les programmes de recherche indépendants adoptant une approche plus complète des maladies, intégrant les dimensions sociale, économique et écologique en plus du côté purement médical. Un bilan de la convention AERAS (s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé) figure également dans la liste des préconisations. Important Améliorer la fluidité du parcours est un autre aspect primordial. Pour cela, le CESE mise entre autres sur le déploiement de la télémédecine et du Dossier médical partagé (DMP), la construction d’une offre médicale partant des besoins des patients, sans oublier la contractualisation entre les EHPAD et le réseau local de centres médicaux et structures sociales et médico-sociales. Le Conseil souhaite par ailleurs impliquer davantage les patients, notamment dans la définition d’indicateurs de qualité sur différents thèmes (continuité des soins, accompagnement, etc.). Enfin, pour favoriser le maintien dans l’emploi ou faciliter le retour des salariés atteints de maladies chroniques, le CESE réclame une meilleure coordination entre les différents intervenants : les professionnels de la santé (médecins traitant et du travail, établissement hospitalier) et l’entreprise. La question de la lutte contre la déscolarisation pour les enfants malades est également soulevée.