En France comme dans le reste du monde, les professionnels de l’immobilier anticipent une contraction de l’activité. Son ampleur dépendra de la durée de la crise et de la rapidité avec laquelle la confiance des ménages et des entreprises reviendra. Par ailleurs, les différents segments ne seront pas impactés de la même manière. Impact marqué sur les investissements professionnels Avec la mise en place du confinement, l’ensemble de la chaîne immobilière est à l’arrêt. 9 chantiers sur 10 sont mis en pause et aucun permis de construire n’est délivré, d’autant que les élections municipales n’ont pu être menées à terme et que les délais ont été suspendus par ordonnance. Important Les investisseurs professionnels sont les plus impactés, ne bénéficiant pas des aides accordés aux ménages. Dans l’hôtellerie, les restrictions sur les voyages entraînent un recul des taux d’occupation. De fait, les opérations seront très probablement limitées sur les segments du luxe et du tourisme, de même que les parcs de loisirs et sites recevant des évènements majeurs. Les hôtels d’affaires seuls, en déficit structurel depuis plusieurs années, pourraient tirer leur épingle du jeu. S’agissant des grands centres logistiques dans les ports et aéroports, la reprise sera laborieuse, de par la diminution des flux internationaux de marchandises. De plus, une probable réorganisation en profondeur des chaînes d’approvisionnement des entreprises industrielles pourrait affecter ces actifs. Pour les locaux commerciaux très dépendants du tourisme mondial, les nouveaux projets seront décalés en attendant la relance de la demande. Du côté des commerces alimentaires et de proximité, les loyers devront être réduits, ou tout au moins différés. Dans tous les cas, les investisseurs anticipent une nette diminution de leurs revenus locatifs, les exploitants ne générant pas ou peu de chiffres d’affaires. S’ils ont un crédit à rembourser, de graves problèmes financiers peuvent survenir. Les volumes d’investissement, tout comme les prix, vont être orientés à la baisse. Concernant les bureaux, toutes les parties attendent les effets sur les revenus des reports ou exonérations de loyers et des renégociations des contrats de bail. Plus tard, si le télétravail est maintenu pour une partie des salariés, les entreprises chercheront à faire des économies sur la surface, impactant les prix. Meilleure résistance du segment du résidentiel Selon les experts, L’impact sera moins marqué sur le segment du résidentiel, Qui est plus influencé par les évolutions démographiques que les facteurs économiques. De plus, les taux d’intérêt sont toujours bas et des mesures de soutien ont préservé au moins partiellement le pouvoir d’achat des ménages. S’y ajoutent des montages comme le rachat de crédits, qui permet d’alléger le poids des mensualités sur le budget. Important Toutefois, en cas d’aggravation du chômage, une partie des candidats à l’accession à la propriété, notamment les primo-accédants, pourraient décider de reporter leur projet immobilier. Il en suivrait une chute de la demande, entraînant une diminution du prix des biens, mais la pénurie de l’offre protège le marché résidentiel d’un effondrement. En revanche, les acheteurs qui disposent de revenus conséquents, et dont la situation professionnelle reste stable pourront accéder à un financement à des conditions intéressantes et finaliser leur transaction. Avec un tel scénario, les professionnels redoutent que L’écart se creuse un peu plus sur un marché déjà marqué par de fortes disparités. Dans les grandes métropoles, toujours très prisés, et où le stock de logements disponibles est faible, les prix devraient rester élevés, et l’activité, soutenue. À l’inverse, dans les petites communes et les zones rurales moins attractives, la chute des prix et des ventes risque d’être dramatique.