La transplantation d’îlots pancréatiques entre dans une nouvelle étape après deux décennies de tests. Les autorités sanitaires l’ont en effet récemment autorisée. Ce nouveau protocole de soin révolutionne la vie des personnes vivant avec du diabète de type 1. Quelques hôpitaux tricolores se sont déjà vu octroyer un agrément pour y recourir. En 1999, les premiers essais thérapeutiques de la greffe d’îlots pancréatiques ont été lancés au Canada. Ils se sont ensuite enchaînés sur le Vieux Continent durant les vingt années qui ont suivi. En 2020, la Haute autorité de santé a approuvé l’utilisation de ce traitement pour certaines catégories de malades, chroniquement instables. Depuis, celui-ci, attendu depuis longtemps par les patients souffrant d’un diabète insulino-dépendant très instable, se développe en France. La première exécution d’une telle pratique en soins courants dans le pays est intervenue en décembre dernier au CHRU lillois. Celui de Strasbourg a ensuite pris exemple sur l’hôpital pour en réaliser le 24 octobre 2022. Beaucoup d’hôpitaux veulent pratiquer l’opération Les Agences régionales de santé (ARS) ont aussi délivré une autorisation à d’autres établissements souhaitant accomplir ce type d’opération. Quelques instituts hospitaliers montpelliérains, grenoblois et parisiens en ont obtenu après avis de l’Agence de la biomédecine. Des centres nantais et toulousains ont également déposé une demande d’agrément. Le directeur adjoint de cet établissement public, le Pr Michel Tsimaratos, explique que les approbations sont soumises à des : Conditions de qualité pour les patients ; Critères de sécurité. Le responsable indique que l’expertise est aujourd’hui détenue par ceux qui ont déjà pratiqué cette transplantation à titre expérimental. Elle est cependant accessible à plusieurs laboratoires, souligne-t-il. Le chercheur ajoute qu’avec la greffe d’îlots : […] L’arsenal thérapeutique au service des patients s’enrichit, et c’est sans doute ce qu’il faut retenir. À titre d’information, l’utilisation de ce traitement dans le cadre de soins courants est remboursée par l’assurance maladie. Pour parer à d’éventuels restes en charge, la détention d’une mutuelle santé est toutefois conseillée. Selon une professeure de diabétologie au CHRU de Strasbourg, Laurence Kessler, l’autorisation de cette pratique représente : Pour les médecins, une immense reconnaissance et le résultat d’une étude clinique pluridisciplinaire de très haut niveau ; Du côté des patients, une énorme avancée. Divers types de patients peuvent profiter du traitement En 1988, la spécialiste du diabète préparait déjà un master sur les îlots pancréatiques de rats. Elle déclare ainsi qu’à l’échelle d’une carrière, une grande satisfaction est procurée par : Le suivi d’études chez des sujets animaux, ensuite chez l’humain ; L’arrivée aux soins courants. La chercheuse révèle que des centaines de diabétiques insulino-dépendants subissent chaque année une transplantation d’îlots pancréatiques. Cet effectif représente toutefois une très petite proportion des 370 000 patients recensés par la Fédération française des diabétiques, nuance-t-elle. Laurence Kessler souligne que ce chiffre constitue une minorité, mais il s’avère crucial, car : […] Ce sont des patients pour lesquels nous n’avons aucune alternative thérapeutique. Et nous n’en sommes qu’au début : ce traitement peut être indiqué pour d’autres patients en échec de traitement, en cas de maladie du pancréas ou de mucoviscidose. Laurence Kessler Cette opération s’effectue en installant des îlots de Langerhans dans le foie du malade. Ceux-ci renvoient à des cellules pancréatiques chargées de la production d’insuline. Ils proviennent d’un donneur non atteint du diabète dont les fonctions cérébrales se sont arrêtées. Parmi les premiers Français ayant subi une telle intervention hors d’un projet expérimental figure Valérie Rodriguez. La patiente a confié que depuis, sa glycémie s’est stabilisée et son corps se fatigue nettement moins. Ce protocole de soin est génial, a-t-elle conclu.