Madrid prévoirait d’instituer un congé spécifique pour les femmes subissant des dysménorrhées, d’après un quotidien espagnol. Dans le milieu syndical, tout comme au sein de l’Exécutif, le projet suscite un débat. Certains militent activement en sa faveur alors que d’autres se révèlent plus hésitants à son égard. La problématique de la discrimination à l’embauche a notamment été soulevée. L’Espagne veut suivre l’exemple des pays comme la Zambie, l’Indonésie, le Japon, etc., et accorder un congé menstruel aux femmes. Une idée appuyée par des organisations professionnelles comme la Confédération syndicale des commissions ouvrières locales (CCOO). Une proposition de loi en ce sens a été élaborée par Madrid. Le média « El País » précise que ce texte concernerait les travailleuses qui endurent d’intenses douleurs pendant leurs règles. Il est contenu dans un corpus législatif portant sur le droit à l’avortement et la santé sexuelle. Si ses parlementaires l’approuvent, le pays de Cervantès constituerait le premier État d’Europe à mettre en place un tel dispositif. Les conditions pour profiter du congé La secrétaire fédérale pour les droits des femmes de la CCOO a souligné que cette mesure aidera les femmes. Elle a déclaré à Euronews : Faut-il que l'on se cache parce que nous sommes des femmes et que nous avons des règles douloureuses ? Cela est contraire au féminisme. Nous ne devons pas souffrir au travail. À l’égard de certains articles renfermés dans la proposition de loi, le syndicat se montre en revanche plus prudent. Il fait preuve de réserve vis-à-vis des conditions d’octroi du congé menstruel, entre autres. Pour l’obtenir, les femmes doivent prouver qu’elles sont atteintes d’une pathologie accentuant les douleurs durant leurs règles, telle que l’endométriose. Une maladie dont le traitement peut être pris en charge par une assurance mutuelle. La CCOO estime que cette disposition mettrait à l’écart les personnes non sujettes à des problèmes de santé bien identifiés. De leur côté, d’autres organisations craignent que le texte puisse favoriser davantage la discrimination durant les recrutements. L’Union générale des travailleurs (UGT) partage cette crainte. Le dispositif pourrait pénaliser les femmes sur le marché du travail La secrétaire adjointe du syndicat, Christina Antonanzas, pense que le congé menstruel risque de marginaliser les femmes. Sur le long terme, s’inquiète-t-elle, ce dispositif pourrait engendrer : […] Un handicap pour les femmes lorsqu'elles cherchent du travail. Christina Antonanzas Concrètement, la proposition de loi donne trois jours de congé maladie au minimum lorsque des règles douloureuses (ou dysménorrhées) surviennent. Il est possible de le prolonger jusqu’à cinq jours dans l’hypothèse d’extrêmes douleurs dues à : Des vomissements ; Des nausées ; De fortes crampes. La Société obstétrique et gynécologique espagnole révèle que les dysménorrhées touchent près de 33 % des femmes en règles. La secrétaire d’État espagnole à l’Égalité, Angela Rodriguez a expliqué : Il est important de préciser ce que sont des règles douloureuses : nous ne parlons pas d'un léger inconfort, mais de symptômes graves comme de la diarrhée, des maux de tête sévères et de la fièvre. Angela Rodriguez D’après elle, l’incapacité momentanée d’emploi doit nécessairement être déclarée quand la médecine n’est pas capable de résoudre le problème. Dans ce cadre, la ministre de l’Économie, Nadia Calvino, a annoncé que la proposition de loi peut encore changer.