Avec la crise sanitaire et le retour au confinement, les futurs parents se posent de nombreuses questions concernant le suivi de grossesse et le déroulement de l’accouchement. Le maintien des FIV (fécondation in vitro) suscite aussi des interrogations. Des professionnels de santé et des collectifs de patients ont apporté des réponses. Lors du confinement du printemps, les mesures restrictives mises en place pour lutter contre la propagation du Covid-19 ont entraîné toutes sortes de difficultés pour les femmes enceintes et leurs proches. C’est ce que révèle une enquête menée par le collectif Stop VOG (violences obstétricales et gynécologiques). Heureusement, certaines démarches, comme la souscription d’une mutuelle maternité, pouvaient s’effectuer en ligne. La porte-parole du collectif, Sonia Bisch, indique qu’avec le reconfinement, nombre de futures mères s’inquiètent. Elles redoutent notamment d’être obligées de porter le masque durant le travail et la poussée. Elles craignent également d’affronter l’accouchement seules, la présence de leur partenaire étant susceptible de ne pas être autorisée. Quelles sont les mesures recommandées lors de l’accouchement ? L’enquête du collectif Stop VOG révèle que 75 % des femmes interrogées ont mal vécu leur accouchement durant le premier confinement. En cause, le port du masque, mais également l’absence du partenaire et l’anxiété ambiante. Selon Sonia Bisch, toutes ces conditions sont favorables à la survenue d’une dépression post-partum, voire d’un stress post-traumatique. Concernant la question du port du masque à l’heure du reconfinement, plusieurs recommandations ont été émises. Pour le CNSF (Collège national des sages-femmes), il est préférable de ne pas l’imposer durant les efforts expulsifs. Son président, Adrien Gantois, ajoute toutefois : […] Mais c’est parfois au cas par cas. Nous demandons aux parents de rester au maximum dans la chambre et de porter leur masque à chaque fois qu’ils sont en contact avec du personnel soignant, pour éviter les contagions. C’est normal que tout le monde fasse attention. Adrien Gantois À propos des soignants, le CNSF propose de leur fournir toutes sortes d’équipements à usage unique, dont : Des masques FFP2 ; Des charlottes ; Des lunettes de protection ; Des surblouses. Pour sa part, le CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens de France) indique qu’il est souhaitable que les parturientes soient masquées, y compris pendant la poussée. Néanmoins, cette mesure n’est pas obligatoire. Enfin, les deux collèges s’accordent à dire que les deux parents doivent être présents durant l’accouchement. Les FIV peuvent-elles être poursuivies ? La présidente du collectif BAMP, Virginie Rio, note que les FIV sont en théorie maintenues. Elle détaille : Contrairement au mois de mars, où toutes les personnes engagées dans une PMA se sont vues mises de côté et l’ont très mal vécu, là, nous avons travaillé avec l'Agence de la Biomédecine et les sociétés savantes pour élaborer des recommandations qui ont été validées par le Ministère des Solidarités et de la Santé. Il ne faut pas refaire les mêmes erreurs. Ainsi, les centres hexagonaux se sont efforcés de poursuivre non seulement les FIV, mais également les transferts d’embryons, la préservation de la fertilité, etc. Virginie Rio a toutefois fait part de certaines inquiétudes. Elle souligne notamment que le maintien des activités devient de plus en plus difficile à mesure que la situation sanitaire s’aggrave. Une pénurie de matériel est par exemple observée dans certains centres. Les anesthésistes réanimateurs viennent également à manquer. La présidente collectif BAMP conclut : […] C’est terrible, et c’est cela que nous devons dénoncer : que notre système de santé ne soit pas capable à la fois de gérer cette épidémie et de s’occuper des autres patients. Une femme qui a un cancer, ou une autre qui a 40 ans et presque plus de réserve ovarienne, vont devoir passer après des patients Covid, juste à cause des défaillances de notre système de santé. […] Comment se déroulent les consultations prénatales et postnatales ? Le reconfinement devrait susciter moins d’anxiété chez les futurs parents aussi bien pour le suivi de grossesse que les suites de couches. Tous les mois, une visite sera effectuée dans le cabinet d’une maïeuticienne libérale ou à la maternité. Bien entendu, les gestes barrières et les règles d’hygiène restent de mise. Pour leur part, les cours prénataux en groupe seront le plus souvent suivis par visioconférence, comme l’a précisé Adrien Gantois. Si elles montrent des symptômes du coronavirus, la procédure n’est pas la même pour les femmes enceintes. Le président du CNSF explique : Les futures mamans qui sont symptomatiques prennent d’abord un rendez-vous avec leur médecin généraliste. Ensuite, avec le gynécologue qui les suit ou leur sage-femme, on fait le point en visio pour la consultation. Il faut souvent décaler de 15 jours une échographie qui doit se faire [évidemment] en présence de la personne. Les femmes enceintes devront se rendre seules aux consultations prénatales de routine. En revanche, elles pourront être accompagnées par leur partenaire pour les échographies, ce qui n’était pas possible lors du premier confinement. Concernant le séjour à la maternité avec le compagnon, il devra être court (1 à 2 jours) en cas d’accouchement sans complication par voie basse. Une sage-femme libérale se chargera des consultations postnatales au domicile de la patiente. La professionnelle de santé ainsi que les parents devront porter un masque durant cette visite.