Avant que l’épidémie de Covid-19 ne commence, l’Île-de-France a réalisé de véritables progrès en matière de santé au travail. La crise sanitaire les a cependant freinés. Au printemps dernier, l’ORS (Observatoire régional de santé) a mené des études de surmortalité dans la région. Les résultats montrent que le coronavirus a fait de nombreuses victimes en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d'Oise. Depuis la crise sanitaire, les entreprises ont dû revoir leur organisation. Certaines ont basculé vers le télétravail. D’autres ont mis en place de nouveaux horaires et des mesures strictes (port du masque, aération régulière des locaux, etc.). L’épidémie n’est pas sans effet sur la santé au travail. Pour être pris en charge au titre d’une maladie professionnelle, les salariés contaminés par le Covid-19 doivent recevoir l’aval d’experts médicaux. Ils pourront alors continuer à bénéficier de leur mutuelle entreprise, en particulier si leur rémunération est maintenue. Seuls les professionnels de santé infectés ne nécessitent pas d’expertise médicale pour faire reconnaître le coronavirus comme une maladie professionnelle. Pourquoi une surmortalité est-elle constatée chez les travailleurs dans certains départements franciliens depuis le début de la crise sanitaire ? Avant la crise sanitaire, les accidents de travail et les maladies professionnelles étaient moins nombreux en Île-de-France par rapport aux autres régions. C’est ce que révèle l’ORS. En revanche, en tenant compte de l’effet de la pandémie, l’Observatoire a constaté une forte surmortalité en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d'Oise. Ce phénomène est lié au fait qu’un nombre important de « travailleurs clés » habitent dans ces départements. Ce terme regroupe les agents de santé, les caissières, les livreurs, etc. D’ailleurs, la plupart d’entre eux ont été contraints d’utiliser les transports publics. Des facteurs extraprofessionnels expliquent également le nombre élevé de décès liés au Covid-19 dans ces territoires. En font notamment partie : La densité urbaine ; L’insalubrité des logements ; La fragilité de la santé des populations précaires. La directrice de l'ORS, Isabelle Gremy, commente : Il y a eu quelques clusters franciliens liés à l'activité professionnelle, par exemple dans le secteur de l'industrie alimentaire et des transports, mais la majorité des contaminations est très diffuse et survient dans un cadre privé et familial ou dans les établissements médico-sociaux. Isabelle Gremy Situation sanitaire des travailleurs en Île-de-France avant la pandémie Les chiffres publiés dernièrement par l’ORS montrent une situation assez encourageante concernant la santé des travailleurs en Île-de-France avant l’arrivée du Covid-19. En 2017, le régime général de la Sécurité sociale a reçu 105 000 déclarations d’accident du travail. Cette année-là, 5,3 millions de Franciliens occupaient un poste. En plus de survenir moins souvent, les accidents du travail sont moins graves dans cette région par rapport au reste de l’Hexagone. L’auteur de l’étude de l’ORS, Maylis Telle-Lamberton, explique cette situation en évoquant la forte prédominance du secteur tertiaire en Île-de-France. Conséquence, le taux de fréquence des sinistres n’excède pas 8,5 par million d'heures travaillées à Paris et dans les Hauts-de-Seine. En guise de comparaison, il s’établit à : 29 par million d'heures travaillées en Seine-et-Marne ; 21,5 par million d'heures travaillées dans le Val-d'Oise ; Plus de 20 par million d'heures travaillées au niveau national. Les chiffres en Seine-et-Marne et dans le Val-d'Oise s’expliquent par leur forte concentration de secteurs accidentogènes, comme les transports, l’entreposage, etc. De son côté, le taux de gravité des sinistres est aussi peu élevé à Paris. En matière de maladies professionnelles, l’Île-de-France figure également parmi les régions les moins touchées dans l’Hexagone. En effet, elle en recense 6 000.