L’an dernier, la vente de médicaments sans ordonnance en France a généré 2,08 milliards d’euros. Cela représente un recul de 4 % par rapport à 2018 qui affichait déjà une baisse de 4,6 %. Ces chiffres ont été publiés le 5 février dernier dans le baromètre annuel de l’Afipa (Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable). Les médicaments et les dispositifs médicaux sur prescription représentent une charge importante pour les différents acteurs de la mutuelle santé. Pour rappel, les ventes sur ce marché ont dépassé les 30 milliards d’euros l’an dernier. Le secteur de l’automédication représentait, en revanche, 3,7 milliards d’euros sur la même période. La Sécurité sociale pourrait ainsi faire des économies significatives en laissant se développer cette pratique avantageuse pour toutes les parties. Pourtant, les ventes dans le domaine du selfcare ne cessent au contraire de baisser depuis quelques années. De ce fait, les organismes finançant les remboursements devront continuer à augmenter les budgets dédiés aux médicaments et autres dispositifs sur ordonnance. Un secteur disposant d’atouts non négligeables L’Afipa cherche, depuis sa création, à promouvoir le selfcare dans l’Hexagone. Outre les médicaments, ce secteur inclut les compléments alimentaires et les dispositifs médicaux accessibles sans ordonnance. L’association insiste par ailleurs sur les nombreux avantages de l’automédication pour le système de santé. Comme le souligne son président, Christophe de la Fouchardière : À l’heure où l’accès au médecin est de plus en plus difficile et long en France, le développement du selfcare permettrait d’améliorer l’accès aux soins, sécurisé par le pharmacien, en plus des économies pour la Sécurité sociale. Christophe de la Fouchardière Contrairement aux médicaments, les dispositifs sans ordonnance ont enregistré une hausse des ventes de 5,6 % l’an dernier, pour atteindre un chiffre d’affaires de 643 millions d’euros. Ce marché englobe une large gamme d’équipements médicaux en vente libre tels que les seringues, les bas de contention ou encore les produits cosmétiques. De leur côté, les compléments alimentaires ont également affiché une augmentation des ventes de 5,6 % par rapport à 2018. Ce segment est actuellement estimé à 988 millions d’euros. Un potentiel sous-exploité en France D’après l’Afipa, la baisse des ventes de médicaments sans ordonnance vient entre autres des modifications de la réglementation française dans le domaine. Les antidiarrhéiques à base de nifuroxazide, par exemple, ne sont plus en vente libre depuis l’année dernière. Une prescription est désormais exigée pour pouvoir s’en procurer en pharmacie. Plusieurs médicaments figurent dans le même cas. Malgré un contexte changeant, les prix sont restés relativement stables ces dernières années sur le marché des médicaments sans ordonnance, selon l’Afipa. Les produits médicaux en vente libre ont en effet enregistré une légère augmentation de 0,5 % sur la période 2015-2019. Cette tendance se révèle particulièrement avantageuse pour les consommateurs. En 2017, les Français dépensaient en moyenne 33,5 euros en automédication. Ce montant représente la moitié du budget des Allemands pour ce type de produit. Ces derniers déboursaient près de 68,3 euros pour les médicaments ne nécessitant aucune prescription médicale. Par conséquent, les promoteurs du selfcare doivent encore fournir beaucoup d’efforts pour démocratiser cette pratique en France et convaincre les pouvoirs publics sur ses atouts.