Comme l’a annoncé le gouvernement, les fonctionnaires vont obtenir une prime pour récompenser les efforts qu’ils ont fournis durant l’épidémie de coronavirus. Les bénéficiaires potentiels ne disposent toutefois pas assez d’informations sur le montant et les conditions d’éligibilité à ce dispositif. Par ailleurs, les agents de la fonction publique déplorent les inégalités entre les métiers et les régions. Une mutuelle fonctionnaire est supposée couvrir indifféremment tous les travailleurs appartenant à cette catégorie. La prime promise par l’exécutif ne semble pas suivre la même logique. Le personnel soignant est en effet prioritaire pour les 1 500 euros exonérés de cotisations et d’impôts. De ce fait, les autres agents de la fonction publique craignent d’être laissés pour compte. Dans ce contexte, les syndicats se montrent particulièrement vigilants concernant le mode d’attribution de l’aide financière. Il s’agit en effet d’une récompense méritée pour tous les fonctionnaires qui ont assuré la permanence durant le confinement. Les différences de traitement sont donc inadmissibles pour les syndicalistes et les salariés concernés. Des mesures peu satisfaisantes Le 15 avril dernier, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé l’octroi d’une prime modulable pouvant s’élever jusqu’à 1 000 euros pour les agents de la fonction publique. L’État a dû débloquer 300 millions d’euros pour réaliser ce geste destiné à soutenir les fonctionnaires durant la crise sanitaire. Toutefois, les syndicalistes dénoncent la création d’une nouvelle forme de prime au mérite. En effet, la somme accordée à chaque agent ne sera pas fixe et dépendra de nombreux facteurs arbitraires. Pourtant, tous les fonctionnaires travaillant en pleine épidémie devraient bénéficier des mêmes avantages, en l’occurrence une prime de 1 000 euros. Comme le souligne le secrétaire général de l’UNSA Fonction publique, Luc Farre : Ce qu’on comprend, c’est que suivant les chefs de service, il pourrait y avoir des primes différentes, versées en fonction des métiers, des services ou de l’implication de chacun. Luc Farre Au 16 avril, l’exécutif n’a pas donné plus d’information concernant les fonctionnaires éligibles à cette prime. Elle devrait néanmoins être accordée à 400 000 personnes, soit environ 20 % des agents de la fonction publique, selon le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin. La CFDT considère que l’écart est assez important, sachant que 40 à 50 % des fonctionnaires ont travaillé durant le confinement. Les syndicalistes réclament ainsi la mise en place d’un dialogue social pour apaiser les tensions. En effet, dans les conditions actuelles, des agents dont les métiers sont similaires risquent d’être traités différemment, même s’ils exercent sur le même territoire. Ce contexte se révèle également favorable aux revendications concernant la revalorisation salariale dans les hôpitaux. Depuis plus d’une décennie, les rémunérations dans le milieu ont été gelées. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a promis de traiter la requête après la crise sanitaire. Des inégalités dans le même corps de métier ? Le personnel hospitalier évoluant dans les départements les plus affectés par le coronavirus aura la possibilité de percevoir la prime de 1 500 euros annoncée par l’exécutif. Les soignants travaillant dans les régions moins touchées par l’épidémie pourront également obtenir cette prime, s’ils ont pris en charge des cas confirmés de Covid-19. Le montant de l’aide se chiffrera à 500 euros pour tous les autres. D’autre part, les heures supplémentaires en milieu hospitalier seront exonérées d’impôts et de cotisations sociales durant la crise sanitaire. Selon le ministre de la Santé, cette mesure se traduira concrètement par un gain de 600 euros par personne. Toutefois, il s’avérera difficile d’évaluer le montant de la prime des soignants en fonction de la situation. De nombreux paramètres devront en effet être pris en considération. Ces complications augmentent ainsi les risques de mécontentement en raison des inégalités entre les régions. Léonard Corti, membre de l'ISNI (InterSyndicale Nationale des Internes), note : Si certains services ont été entièrement reconvertis en « Covid + », on a aussi accueilli des patients infectés dans d’autres services, qui n’étaient pas clairement identifiés « Covid ». Léonard Corti Les soignants ne seront pas les seuls à bénéficier de primes dans le milieu hospitalier. Des mesures ont aussi été prévues pour le personnel administratif, de service, de restauration et de blanchisserie. Ces professionnels ont en effet participé à l’effort collectif pour faire face à l’épidémie de coronavirus. Le ministère de la Santé a ainsi tenu à reconnaître et valoriser leur contribution. Le gouvernement envisage également d’étendre l’aide aux agents des hôpitaux privés et des EHPAD. En revanche, d’autres profils restent encore dans l’incertitude, à l’instar des internes en ambulatoire ou évoluant dans le secteur privé non lucratif.