De nombreux médecins, hospitaliers et libéraux, ont récemment soulevé le problème du report de soins provoqué par la crise sanitaire. Selon le rapport annuel de la Cnam, le système de santé français aura besoin de plusieurs mois pour absorber les retards cumulés jusqu’à présent. Ce scénario se base sur la fin imminente de la pandémie. En juin dernier, le conseil d’administration de l’assurance maladie a reçu un rapport chiffré montrant une chute significative et rapide du nombre de soins réalisés durant les deux mois de confinement. Les Français ont ainsi privilégié le report ou le renoncement aux soins sur tout le territoire. Dans les deux cas, la situation est dommageable pour la santé publique. Ce phénomène s’explique notamment par la priorité accordée aux actes Covid dans les établissements de santé. Ainsi, les interventions non urgentes ont été annulées ou reportées. Les patients, de leur côté, craignent de contracter le virus. Cette tendance risque à terme de perturber le système de santé. Des propositions pour améliorer la prise en charge des patients Dans son rapport, la Cnam a présenté plusieurs recommandations pour simplifier la gestion du retard des soins en France. Elle propose, par exemple, de renforcer les campagnes d’information sur le cancer colorectal et de faciliter l’orientation des patients vers des traitements alternatifs. Ainsi, les malades privés de chirurgie pourront être pris en charge à travers une hormonothérapie ou une chimiothérapie d’attente. Par ailleurs, l’Assurance Maladie incite les autorités à soutenir le développement de la téléconsultation et de la télémédecine en général. En effet, cette technologie a démontré sa maturité et sa grande efficacité sur toute la période du confinement. En février 2020, la Sécurité sociale a remboursé quelque 40 000 consultations à distance et recensé 3 000 médecins téléconsultants. Ce chiffre est passé à un million par semaine en avril dernier, soit 27 % des consultations enregistrées durant ce mois-là. De plus, 56 000 praticiens se sont convertis à la télémédecine pour s’adapter à la conjoncture sans précédent. Suite à cette expérience encourageante, la Cnam souhaite prolonger le remboursement intégral de la téléconsultation jusqu’à la fin de l’année prochaine. Cette mesure est censée faciliter l’accès aux soins dans les déserts médicaux ou dans les zones dans lesquelles les médecins sont débordés. Des risques non négligeables pour la population Selon la Cnam, les acteurs du secteur manquent encore de recul pour mesurer l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la santé publique. Toutefois, les premiers bilans sont assez inquiétants. L’hôpital Georges-Pompidou a notamment constaté une forte hausse des arrêts cardiaques survenus en dehors du milieu hospitalier en Île-de-France. Le nombre de Franciliens concernés par ce problème est passé du simple au double pendant le confinement. Conséquence, 22,8 % des patients sont décédés avant d’arriver à l’hôpital durant cette période, contre 12,8 % en moyenne en temps normal. D’autre part, le confinement a eu des effets particulièrement néfastes pour les actions de prévention, telles que la vaccination. Les vaccins anti-papillomavirus (HPV), par exemple, ont connu un recul conséquent de 43 % durant ces huit semaines. Le rythme de vaccination rubéole-oreillon-rougeole (ROR) a également baissé sur cette période. Important Dans une enquête récente, l’EPI-Phare avance des chiffres encore plus inquiétants concernant les retards et les annulations de vaccination entraînés par la crise sanitaire. Ainsi, les vaccins non effectués durant les deux mois de confinement concernent : 44 000 bébés pour les vaccins pentavalents ou hexavalents. 90 000 Français de tous âges pour les vaccins anti-HPV. 123 000 patients pour le vaccin ROR. 450 000 personnes pour les rappels de vaccin antitétanique.