Le nombre de bactéries résistantes aux antimicrobiens a sensiblement augmenté ces dernières années. Il devient donc urgent de créer de nouveaux antibiotiques ou d’autres traitements plus novateurs. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) commence d’ailleurs à s’alarmer en raison de leur stade de développement encore peu avancé et de leur efficacité moindre par rapport aux antibiotiques classiques. Les premiers antibiotiques sont apparus dans les années 1920. Depuis, ils ont permis de traiter efficacement différentes maladies telles que la tuberculose, la méningite ou encore la pneumonie. Les antimicrobiens sont donc à l’origine de la préservation de dizaines de millions de vies dans le monde. Ils sont remboursés par l’Assurance Maladie à hauteur de 65 %. Le reste peut être pris en charge par les mutuelles. Certaines bactéries sont cependant progressivement devenues résistantes à ces principes actifs à cause d’un usage inapproprié. Ils sont parfois utilisés sur une trop courte période ou de manière trop systématique et en grande quantité. La découverte d’une solution devient pressante Par définition, l’antibiorésistance désigne l’insensibilité développée par certaines bactéries par rapport aux antibiotiques. L’OMS considère ce phénomène comme une menace particulièrement grave pour la santé mondiale. En effet, si les traitements actuels deviennent inefficaces, la planète se dirige inexorablement vers une époque où les infections les plus courantes risquent de tuer de nouveau. Chaque année, l’Europe recense 33 000 décès provoqués par une infection antibiorésistante. Aux États-Unis, le nombre de morts lié à ce type de pathologie est estimé à environ 35 000 par an. Ces statistiques montrent clairement l’ampleur du problème. Cette situation inquiète l’OMS, d’autant que les nouveaux traitements ne sont pas encore prêts. Pourtant, la perte d’efficacité de leurs prédécesseurs s’accentue à l’échelle mondiale. Peter Beyer, membre du Département des Médicaments essentiels de l'institution, note : Nous voyons que cela se propage et que nous sommes à court d'antibiotiques efficaces contre ces bactéries résistantes. Peter Beyer Eu égard au contexte, l’OMS a alerté les autorités internationales en publiant deux rapports le 17 janvier dernier. Le développement de nouveaux traitements est compliqué Depuis quelques années, de nombreux chercheurs ont lancé des projets pour limiter le développement de l’antibiorésistance. Cependant, ces initiatives sont loin d’être suffisantes selon l’OMS. Comme le souligne son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus : Nous avons aussi besoin que les pays et l’industrie pharmaceutique s'impliquent davantage et apportent des fonds durables et de nouveaux médicaments innovants. Tedros Adhanom Ghebreyesus Dans la pratique, la lutte contre la résistance aux médicaments existants passera nécessairement par la création d’une nouvelle génération d’antibiotiques. Cette démarche se révèle cependant complexe et onéreuse, compte tenu des nombreuses étapes à franchir avant de pouvoir utiliser le produit. 60 nouveaux traitements, incluant 50 antibiotiques, sont en cours de développement. Toutefois, d’après l’OMS, ils sont moins efficaces que les médicaments disponibles en ce moment. Sans compter que seulement 2 d’entre eux visent à éradiquer les agents pathogènes les plus résistants. Quant aux solutions plus novatrices (au nombre de 252), elles sont encore en phase d’essais précliniques pour la plupart. L’OMS opine que les médicaments qui se trouvent dans l’étape la plus avancée du processus ne seront distribués que dans une dizaine d’années.