La réforme 100 % santé a récemment entamé la dernière étape de son déploiement progressif avant son application totale en 2021. Les complémentaires ont promis, l’an dernier, de ne pas appliquer de hausse de prix liée à ce nouveau dispositif. Pourtant, les experts ont déjà constaté une augmentation des cotisations et prévoient une progression encore plus importante à l’avenir. Les assurés verront les cotisations de leur mutuelle santé augmenter entre 10 et 15 % cette année, d’après le cabinet de conseil Facts & Figures. La hausse cumulera les effets de la réforme et la progression naturelle des tarifs dans le secteur. Ainsi, elle concernera à la fois les nouvelles souscriptions et les renouvellements de contrats. Les assurés comme les experts craignaient l’apparition de ce problème depuis l’annonce de la répartition des charges entre l’Assurance Maladie et les complémentaires santé. Toutefois, ces dernières se sont engagées dès le début à se conformer au cahier des charges de la réforme 100 % santé, à travers les contrats responsables. Une hausse inéluctable En dépit des promesses faites début 2019, les complémentaires ont récemment affirmé que la réforme aura nécessairement un impact sur le montant des cotisations. Les assurés doivent donc s’attendre à une hausse imminente des tarifs de leurs contrats. D’ailleurs, les prix appliqués aux renouvellements et aux nouvelles souscriptions ont déjà augmenté depuis avril 2019, selon les analystes. Par ailleurs, les cotisations sur les contrats d’entrée de gamme se sont accrues de 10 % en moyenne dès le 1er janvier dernier. Ces données sont fournies par Facts & Figures. La hausse se chiffre à 5 % pour les offres en milieu de gamme et à 2 % pour les couvertures santé haut de gamme. Parallèlement aux retombées de la réforme, les tarifs dans le secteur affichent une progression naturelle estimée à environ 3 % pour cette année. Il faut également prendre en considération l’inflation annuelle mise sur le compte du vieillissement. Au final, tous ces facteurs combinés amènent à une hausse globale pouvant atteindre 10 %, voire 15 % pour les nouveaux souscripteurs et les renouvellements d’assurance santé. Certains analystes craignent également que les soins de qualité finissent sur le long terme par être réservés à une minorité. Les plus fragiles, quant à eux, n’auront accès qu’à des offres low cost. À qui la réforme profite-t-elle le plus ? Face au 100 % santé, de nombreux assurés ont émis des inquiétudes concernant les hausses de prix dès la première phase des négociations. Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a tenu à les rassurer en évoquant notamment l’engagement des complémentaires santé. Par ailleurs, ces organismes sont supposés être capables d’absorber ces nouvelles charges en réduisant les frais de gestion. Selon la ministre, les professionnels du secteur disposent d’assez de marge pour ne pas répercuter le coût des nouvelles mesures sur les assurés. Il faut noter que 95 % des Français sont couverts par une complémentaire santé. 15 à 20 % d’entre eux auront accès au panier 100 % santé, soit 5 millions de personnes. Les contrats responsables devront contribuer à la prise en charge totale des prestations référencées dans le dispositif. Pour rappel, le reste à charge zéro vise avant tout à réduire le taux de renoncement aux soins en France. Selon le fondateur de Facts & Figures, Cyrille Chartier-Kastler, il profitera principalement aux assurés ayant souscrit un contrat d’entrée de gamme. La réforme permet en effet d’améliorer leur niveau de couverture. Les offres moyen de gamme pourront aussi en bénéficier. Les contrats haut de gamme, en revanche, ne devraient pas constater de changement significatif.