Les incidents rencontrés par Geoxia, leader de la construction de maison individuelle, soulèvent de nombreuses interrogations. Pour certains, ils sont le signe des difficultés subies actuellement par le secteur de la construction. La Fédération française du bâtiment n’est cependant pas du même avis. En dépit des activités menées, cette entreprise est loin de pouvoir représenter la filière selon l’organisme. Le contexte économique ne semble pas évoluer en faveur du secteur immobilier en France. Dernièrement, c’est l’entreprise Geoxia qui a dû en subir les conséquences avec un risque de mettre fin à ses activités. Existe-t-il une raison de s’inquiéter dans ce cas ? Pour les fédérations en charge du bâtiment et de la construction, les professionnels du secteur ne sont pas tous en danger. D’ailleurs, les demandes pour les logements individuels, consolidées par la pandémie du Covid-19, existent toujours. Il faudra cependant faire face à plusieurs facteurs de blocage, comme la hausse du prix des matériaux. La pression se fait déjà sentir sur la marge des constructeurs. Des réglementations plus contraignantes En un an, de 2020 à 2021, le prix moyen pour une maison individuelle a augmenté de 5,4 % en France. Et ce, pour le secteur diffus, donc hors lotissements et qui constitue la majeure partie de la production sur le territoire national. La progression des coûts est de 17 % de 2017 à 2021 pour se situer à 184 000 euros. Cette hausse est en partie due à l’envolée du coût des matériaux de construction, accentuée par la crise ukrainienne. Les constructeurs n’ont pourtant pas la possibilité de l’appliquer entièrement sur le prix proposé aux acheteurs. D’autant que ces derniers doivent faire face à la montée du taux d’intérêt immobilier et au durcissement des règles d’emprunt. Avec ces conditions bancaires plutôt difficiles, l’inflation réduit aussi leur pouvoir d’achat. En conséquence, les entreprises de construction sont obligées de revoir leurs marges. L’entrée en vigueur de la réglementation environnementale RE2020 en janvier 2022 est loin d’arranger la situation. Elle se traduit par un surcoût que les constructeurs doivent assumer. Les estimations tablent sur une croissance de 5 à 10 % du coût des travaux en raison de ce nouveau cadre réglementaire. Il ne s’agit pourtant pas de l’unique législation qui pèsera sur le secteur. En 2021, la loi Climat et Résilience a été admise au niveau du Parlement français. L’un des objectifs visés est celui de zéro artificialisation nette du sol. Cela aura un impact sur le prix des terrains qui risque de progresser. Hormis le terrain et le logement, les acquéreurs doivent en outre s’acquitter du coût de l’assurance logement. Une simulation assurance habitation permet d’avoir une idée plus précise de son prix. Une filière qui reste solide La FFC (Fédération française des constructeurs de maisons individuelles) et la FFB (Fédération française du bâtiment) se montrent néanmoins rassurantes. La première met en avant les envies persistantes chez les Français de devenir propriétaires d’une maison avec jardin. De plus, elles ont été entretenues par la crise sanitaire. Pour Grégory Monod, président du Pôle Habitat à la FFB, l’incident subi par Geoxia reste un cas isolé. Le professionnel met l’accent sur la solidité du secteur du bâtiment. D’ailleurs, aucun problème particulier pouvant accélérer leur déclin n’aurait été relevé chez les acteurs de la filière depuis janvier 2022. Reste cependant à savoir comment ils comptent gérer les difficultés auxquelles ils sont confrontés. Pour rappel, Geoxia est l’entreprise à l’origine des marques « Maison Phénix », « Maison Familiale » et « Maison Castor ». Spécialisée dans la construction de maisons individuelles, elle se trouve parmi les acteurs majeurs du marché. En plein succès en 1978, elle a livré 15 000 logements individuels dans l’Hexagone. Ce chiffre n’est plus qu’à 2 400 maisons vendues en 2021 pour un total de 147 000 constructions achevées. La structure se trouve actuellement en situation de redressement judiciaire. Son avenir dépendra de la décision prise par le Tribunal de commerce de Nanterre le 28 juin 2022. Elle pourrait être contrainte de cesser son activité. L’autre option repose sur une reprise par une autre entité. Le maintien de la direction actuelle sera possible si l’État y apporte son soutien.