Les constructeurs automobiles ont préparé depuis plusieurs années l’arrivée de 2020 pour pouvoir se conformer aux nouvelles normes européennes antipollution. De nombreuses marques ont d’ailleurs investi massivement pour accélérer leur transition énergétique et éviter les amendes de l’UE. Ainsi, ces acteurs étaient financièrement vulnérables dès le début de la crise mondiale provoquée par le Covid-19. L’épidémie de coronavirus a commencé par paralyser l’industrie automobile chinoise. Elle a également perturbé la chaîne de production des groupes implantés dans le pays. En passant au stade de pandémie, la crise sanitaire a fini par toucher la majorité des acteurs du secteur, y compris les marques incontournables sur un comparateur assurance auto, comme Peugeot, Citroën, Fiat ou encore Renault. Les constructeurs européens ont notamment dû fermer leurs usines en raison du confinement en vigueur dans plusieurs pays. Ce dispositif affecte également les ventes à travers la suspension d’activité des concessions. En somme, l’industrie automobile européenne se retrouve à l’arrêt, pour une durée dépendant foncièrement de l’évolution de la situation. Une anticipation nécessaire de la reprise des activités L’an dernier, de nombreux fabricants ont affiché des marges opérationnelles à la baisse en raison de l’augmentation de leurs investissements, notamment en recherche et développement. En effet, ils ont été contraints d’accélérer l’électrification de leur catalogue pour éviter les amendes CO2. Dès cette année, l’Europe sanctionne par de lourdes pénalités tout dépassement du plafond d’émissions fixé. Dans ce contexte, certains constructeurs ont misé sur les rapprochements pour améliorer leur performance dans le secteur. Cette démarche concerne souvent des domaines précis, comme le projet d’électrification de Suzuki et de Toyota ou le programme de voiture sans chauffeur de Ford et Volkswagen. La fusion envisagée par FCA et PSA devait entraîner un changement de paradigme dans l’industrie automobile. En effet, les deux groupes ont pris conscience de l’importance de consolider leur structure pour s’imposer sur ce marché dans les années à venir. Cette démarche a toutefois été perturbée par la crise sanitaire actuelle. Face à cette conjecture problématique, les acteurs du secteur se focalisent en priorité sur le court terme. Ils doivent notamment fermer les usines et multiplier les chômages techniques pour limiter les charges de fonctionnement. Ils espèrent ainsi être en mesure de redémarrer leur activité rapidement et dans les meilleures conditions une fois la crise terminée. Selon José Baghdad, de PwC, dans les colonnes de La Tribune : Le sujet est désormais de savoir comment se passera le deuxième semestre et s'il permettra aux constructeurs de rebondir. José Baghdad Des projections complexes Les analystes ont de grandes difficultés à anticiper l’issue de la crise traversée actuellement par l’industrie automobile. Certains ont d’ailleurs décidé d’abandonner les modélisations développées au début de l’épidémie en Chine. En effet, de nombreux paramètres restent inconnus en raison de la nature inédite et imprévisible de la pandémie. Ainsi, il n’est pas évident d’estimer son impact économique. Plusieurs experts européens ont néanmoins prédit un repli de l’ordre de 20 % pour le premier semestre 2020. Cette estimation se base sur les trois pays les plus affectés par l’épidémie, à savoir l’Italie, l’Espagne et la France. La crise risque donc d’avoir un impact significatif sur des constructeurs comme PSA, FCA ou encore Renault. Il s’agit en effet de leurs plus grands marchés, à raison de 30 à 50 % des chiffres de ventes. Cependant, en dehors de ces trois pays, les constructeurs européens restent vulnérables aux conséquences de la pandémie. En effet, de nombreux États appliquent des mesures de quarantaine pour freiner la propagation du virus. Les firmes des industriels se retrouvent donc fermées. De plus, l’Espagne est actuellement le principal producteur automobile sur le continent. Il s’agit également du premier fabricant de diverses pièces indispensables dans les chaînes de production. Ainsi, les quelques usines encore en activité risquent de fermer faute de composants, sans compter leur fragilité financière. Comme l’expliquent les analystes de PwC : Cette crise survient à un moment compliqué pour les constructeurs qui doivent gérer une crise sous-jacente de transformation structurelle. Ils vont probablement réviser leurs priorités d'investissements.