Le spécialiste des prix de voitures de seconde main, l’Argus, a récemment décidé de suspendre sa cote pour deux mois. Il s’agit d’une première depuis 1940. À travers cette initiative, le groupe cherche à empêcher la chute des tarifs sur le marché des véhicules d’occasion. Le secteur pourra ainsi être protégé de l’impact de la crise sanitaire. Depuis plus de 80 ans, l’Argus est la référence concernant les prix de voitures d’occasion, que ce soit au niveau des particuliers, des professionnels ou encore des courtiers en assurance auto. Sa décision de geler sa cote est donc hautement symbolique. Le groupe souligne ainsi le caractère exceptionnel de la situation actuelle. Au début, les effets de la crise sanitaire étaient plus perceptibles sur le marché du neuf que sur celui de l’occasion. Toutefois, ce dernier a fini par se retrouver à son tour paralysé par le confinement et les diverses conséquences de la pandémie. L’Argus a donc pris les mesures nécessaires pour soutenir cette activité. Une reprise prometteuse pour les voitures d’occasion Les experts ont de grandes difficultés à prévoir les tendances à court terme des marchés du neuf et de l’occasion en raison des incertitudes concernant le déconfinement. De nombreux analystes anticipent un véritable engouement pour la voiture dès la reprise. L’Argus, pour sa part, prévoit une généralisation de l’attentisme dans un premier temps. Les consommateurs reprendront confiance après quelque temps. L’optimisme dans le secteur est notamment entretenu par l’avantage certain de la voiture sur les transports collectifs, notamment sur le plan sanitaire. Les ventes devraient donc augmenter significativement, dans un contexte encore marqué par la peur de la contamination. De plus, les vendeurs se rattraperont sur les commandes non livrées à cause du confinement. D’autre part, comme le souligne l’Argus : Le fait que les vacances estivales soient probablement cantonnées au territoire français pourra aussi soutenir les achats de voitures d'occasion. Enfin, la baisse du pouvoir d’achat et la prudence des consommateurs devraient aussi être favorables au marché de l’occasion. Ce dernier continuera ainsi à surclasser le marché du neuf qui a vendu 2,21 millions d’unités en 2019, contre 5,78 millions d’immatriculations pour les véhicules de seconde main. Une initiative pour stabiliser les prix sur le marché En suspendant sa cote, l’Argus souhaite soutenir les particuliers (vendeurs comme acheteurs) et les professionnels du secteur automobile. Les épreuves traversées par la France en ce moment requièrent des mesures exceptionnelles, comme le souligne le groupe. Selon son directeur général, Olivier Flavier : C’est un acte fort, inédit depuis 80 ans, et qui nous a semblé nécessaire pour contribuer, à notre niveau, à la relance économique de notre pays. Olivier Flavier La décision s’explique aussi par le besoin de prendre du recul pour avoir la meilleure estimation des biens potentiellement disponibles sur le marché. De cette manière, les experts du groupe pourront améliorer leur efficacité et affiner leur analyse avant le début du déconfinement, prévu au 11 mai prochain. Outre les prix des véhicules des particuliers, ils seront requis pour évaluer les stocks des professionnels. Avec la suspension de sa cote, l’Argus a contribué à freiner de près de 180 millions d’euros la dépréciation des voitures en stock chez les professionnels. Cette estimation se base sur les 400 000 véhicules stockés actuellement par les acteurs de ce marché, valant en tout environ 6 milliards d’euros.