La CCC (Convention citoyenne pour le climat) a élaboré différentes recommandations pour réduire de 40 % le niveau de pollution à l’horizon 2030. La limitation de la vitesse sur autoroute à 110 km/h est l’une d’elles. Cette mesure a été votée par ses 150 membres et présentée aux pouvoirs publics. En général, les limitations de vitesse sont considérées comme de bonnes nouvelles par la Sécurité routière et les professionnels de l’assurance auto. Les citoyens, en revanche, sont rarement de cet avis. D’ailleurs, les associations de défense des automobilistes n’ont pas tardé à manifester leur mécontentement contre les 110 km/h. Malgré l’échec des 80 km/h, l’exécutif semble intéressé par la proposition de la CCC et étudie sérieusement le projet de limiter la vitesse sur les autoroutes françaises. L’ADEME a même été mandatée pour faire un bilan de la limitation de vitesse. Toutefois, ce type de restriction est particulièrement délicat en France, surtout après le mouvement des Gilets jaunes. Un sujet sensible Jusqu’à présent, rien n’indique que la proposition de la CCC sera appliquée ou non dans l’Hexagone. Cela dit, la ministre des Transports et de l’Écologie, Élisabeth Borne, a récemment annoncé que l’ADEME était en train de travailler sur la question. Il faudra en effet tenir compte de plusieurs implications de cette mesure, comme le basculement du trafic sur d’autres réseaux. Selon les spécialistes, ce phénomène risque de se produire, avec ou sans limitation de vitesse, si les prix sur les autoroutes ne sont pas revus à la baisse. D’autre part, l’opinion publique est encore marquée par le souvenir des dernières restrictions similaires. Comme l’a souligné la ministre : Le gouvernement est bien conscient de la sensibilité du sujet. Nous n’avons pas oublié le 80 km/h. En effet, le passage vers les 80 km/h fait partie des éléments déclencheurs de la crise des Gilets jaunes. L’exécutif s’efforce donc de rester prudent et prend toutes les précautions nécessaires avant de se prononcer sur les 110 km/h. Le secrétaire d’État aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, pense même à un référendum : Ces restrictions de vitesse ont trait à l’écologie, à la sécurité routière, au rapport qu’ont les Français […] à leurs libertés, ce sont de beaux sujets de démocratie. Cette proposition pourrait, si le président en décide ainsi, s’insérer dans une série de propositions […] soumises à un référendum consultatif. Jean-Baptiste Djebbari Une application incertaine À titre personnel, la ministre Élisabeth Borne a affirmé être favorable à la mise en place d’une limitation à 110 km/h sur les autoroutes de l’Hexagone. Cette initiative permettrait en effet d’améliorer la sécurité routière et de réduire le niveau d’émissions de gaz polluants issus des voitures personnelles. Toutefois, la ministre insiste sur l’importance de consulter les Français avant de prendre une décision, surtout les premiers concernés par ces restrictions. De nombreux citoyens doivent notamment prendre l’autoroute matin et soir, sur une dizaine, voire une trentaine de kilomètres, pour aller travailler et rentrer chez eux. L’idée de la CCC reste néanmoins pertinente. Selon la ministre des Transports et de l’Écologie, la Convention remplit son rôle en présentant ses recommandations, malgré les problèmes de faisabilité et surtout d’acceptabilité. Elle a d’ailleurs tenu des propos en accord avec ce projet face à la commission d’enquête du Sénat au sujet des concessions autoroutières. Lors de son intervention devant le Sénat, Élisabeth Borne a fait remarquer : Si vous baissez la vitesse, vous réduisez les émissions de gaz à effet de serre. Élisabeth Borne Autrement dit, la CCC peut compter sur le soutien de ce membre du gouvernement. Le Premier ministre, pour sa part, a déjà défendu les 80 km/h jusqu’au bout. Reste à savoir s’il est prêt à prendre de nouveau une telle décision et si les autres membres de l’exécutif suivront.