Les SUV sont à nouveau dans les collimateurs des pouvoirs publics français. C’est du moins, ce qu’a fait savoir Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique lors d’un point de presse effectué récemment en réaffirmant la volonté de l’exécutif à redoubler d’efforts dans sa lutte contre le réchauffement climatique à travers la réduction du taux de CO2 émis par les véhicules en vente en France et sur le territoire européen. À l’heure où le bien-être de l’écosystème mondial est menacé par le taux élevé de gaz à effet de serre à la source du phénomène de réchauffement climatique, la France, plus que d’autres pays, s’est engagée à réduire le niveau de CO2 provenant de l’industrie automobile. Mais il semblerait que ses efforts risquent de partir en vrille face à l’essor des SUV qui n’a fait que s’accentuer ces dernières années, alors que ces modèles sont bien connus pour être à la fois énergivores et hautement polluants. Une raison supplémentaire incitant le gouvernement à s’acharner davantage sur ces 4 x 4 urbains en pointant du doigt un texte européen privilégiant ces derniers en les écartant de la nouvelle norme de réglementation WLTP 2020. Le texte européen en faveur des SUV remis en question À titre de rappel, la norme WLTP 2020 prévoit une réduction encore plus drastique du niveau d’émission de CO2 des nouvelles voitures mises en vente sur le territoire européen. Soit à un taux de moins de 95 grammes par kilomètre que les constructeurs se doivent de respecter depuis 1er janvier au risque d’en payer le prix fort à travers de lourdes amendes. Toutefois, force est de constater que cette réglementation a admis une clause d’assouplissement pour les fabricants en intégrant le poids du véhicule dans le calcul des objectifs à atteindre. Celui qui permet à certains acteurs d’échapper à ce fameux malus écologique même si les modèles issus de leurs usines émettent en moyenne 200 g/km de CO2. Ce qui revient à dire que ce dispositif joue en faveur des SUV, alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à sillonner les routes si l’on tient compte du fait qu’ils dominent désormais le marché du neuf à hauteur de 40% en 2018 contre 15% en 2012. Un essor qui met en échec les efforts pour réduire le niveau de pollution. C’est dans cette optique que la France, à travers Élisabeth Borne a démontré ses intentions de remettre en question cette mesure favorisant ces 4 x 4 urbains en faisant valoir que : Le gouvernement allait remettre en cause cette absurdité. Élisabeth Borne À cette ministre de la Transition écologique d’en donner les raisons : Il y a quelque chose d’un peu absurde dans les textes européens actuels, c’est le fait que quand les véhicules sont plus lourds, alors ils ont le droit d’émettre plus de gaz à effet de serre. Élisabeth Borne Et d’ajouter : Tous les textes européens doivent encourager des véhicules qui émettent le moins possible de gaz à effet de serre et non pas donner un bonus à des véhicules qui pèsent plus lourd. Élisabeth Borne Et il faut dire qu’il a de quoi s’inquiéter puisqu’une étude publiée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) en octobre 2019 à permis de savoir que d’ici 2040, les SUV n’auront aucune peine à annuler les économies d’énergies engendrées par 150 millions de voitures électriques en ajoutant près de 2 millions de barils par jour à la demande mondiale de pétrole. La bataille risque d’être rude En s’attaquant à cette clause européenne favorisant les SUV au nom de l’écologie, le pouvoir public français pourrait dire qu’il s’est engagé dans une rude bataille. Tout simplement parce qu’en s’acharnant sur segment en plein essor, il met à mal le chiffre d’affaires de certains constructeurs, mais également celui des acteurs spécialisés dans l’assurance auto qui trouvent également leur compte à travers l’engouement des automobilistes pour ces modèles. Une situation qui a d’ailleurs permis au directeur de l’AIE de dire que : La star de l’industrie automobile ce n’est pas la voiture électrique, c’est le SUV. En 2010, 18% des ventes de voitures dans le monde concernaient des SUV, en 2018, c’était plus de 40%. Raison de plus pour permettre à certains analystes de conclure qu’il y a de fortes chances que les opérateurs concernés ne laisseraient pas cette manne financière leur échapper facilement. Et dans ce domaine, l’Allemagne se veut être l’un des fervents défenseurs des SUV pour la simple raison que ses industriels ont fait de ces 4 x 4 haut de gamme leur produit phare comme pour le cas d’Audi, de Volkswagen, de Mercedes ou encore de BMW. Ainsi, au niveau européen, rien n’est encore gagné pour la France qu’en attendant d’y trouver une suite favorable, elle ne peut que se contenter d’imaginer certaines mesures sur son territoire. Du moins, dans sa capitale si l’on croit Christophe Najdovski qui a évoqué l’éventualité d’une mise en place d’un système visant à majorer le tarif de stationnement des SUV. À ce bras droit de la maire de Paris en charge des transports de préciser : On peut imaginer qu’il y ait une majoration pour ceux dont le gabarit dépasse manifestement une volumétrie considérée comme normale. Christophe Najdovski