Ces dernières années, le Maroc a fourni d’intenses efforts pour que son industrie automobile soit aussi solide que compétitive. Aujourd’hui, les grands équipementiers automobiles le considèrent comme un marché stratégique. De son côté, alors qu’elle souhaite surpasser l’industrie automobile marocaine, l’Algérie rechigne à procéder aux transformations nécessaires. Le point sur ce sujet. En Algérie, d’anciens dirigeants politiques et des patrons d’entreprises d’assemblage d’automobiles ont été poursuivis pour corruption. Le 4 novembre 2020, Abdelmalek Sellal, l’ex-Premier ministre algérien, a été appelé à comparaître à la barre. Il a été amené à justifier les avantages fiscaux dont a bénéficié l’entreprise du businessman Mahieddine Tahkout. En effet, ce cadeau a créé un trou de 34 milliards de dinars dans le budget de l’État. Pour expliquer son geste, Abdelmalek Sellal a évoqué deux fois la volonté d’anéantir le Maroc grâce au montage de voitures. Les chiffres du secteur automobile et de celui des assurances auto dans le Royaume permettent de déterminer s’il a atteint son objectif. La stratégie adoptée par l’Algérie présente des failles L’Algérie affiche une superficie deux fois plus élevée que le Maroc. De plus, elle dispose de plus de matières premières. Pourtant, à la fin de l’année dernière, elle s’est retrouvée à la 159ème position dans le classement Doing Business tandis que le Maroc est parvenu à la 53ème place. Selon l’économiste Abdelghani Youmni, cette situation démontre la myopie en matière de développement et de progrès des dirigeants algériens. Il commente : Nous pensons que face au choix d’une intelligence économique marocaine d’émergence, de résilience et d’attractivité des chaînes de valeurs industrielles s’oppose le choix algérien idéologique caduc de la destruction et des coups bas, afin de malmener le leadership de son voisin de l’Est et du Sud. […] Abdelghani Youmni Le spécialiste ajoute qu’en raison de certaines idéologies, l’Algérie a toujours refusé d’opérer des réformes et son ajustement structurel économique. Elle n’a non plus jamais admis la nécessité de la libéralisation financière pour rendre crédible sa monnaie et moderne son système bancaire. Les dirigeants du pays ont certainement décidé de délaisser les importations et de miser sur la production automobile locale eu égard au succès rencontré par Renault Maroc. Toutefois, leur projet n’a pas abouti à une véritable intégration, car l’industrie s’est développée autour du montage de voitures en kits. Différences entre les industries automobiles marocaine et algérienne Le Maroc est actuellement le premier fabricant automobile dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et le second sur le continent africain. C’est ce qu’a révélé la présidente de la Commission du commerce extérieur de SERNAUTO (Association espagnole des fournisseurs automobiles), Sonia López, durant un webinaire. L’écosystème automobile du Royaume recense désormais au moins 300 acteurs locaux et internationaux. Sa production est supérieure à 450 000 unités par an, ce qui représentait un chiffre d’affaires de 80 milliards de dirhams fin 2019. D’ici 2023, elle doit passer à 700 000 unités par an. PSA et Renault y ont construit un réseau de fournisseurs de pièces et de sous-traitants, faisant ainsi progresser le taux d’intégration. Ce dernier est supérieur à 50 % au niveau du site de production de la marque au losange située à Tanger. Il avoisine les 60 % pour l’usine de PSA sise à Kénitra. En Algérie, la production locale n’a pas démarré en dépit de l’arrivée de constructeurs comme Renault, Hyundai et Daimler en 2017. En effet, elle atteignait à peine les 40 000 unités. L’implantation d’autres industriels tels que Kia et Volkswagen n’a pas entraîné d’amélioration notable au niveau de la production, qui n’excède guère les 100 000 véhicules.