Chaque année, environ 550 000 enfants de moins de 5 ans meurent dans le monde à cause de la pollution atmosphérique. Le basculement vers les énergies alternatives devait donc être imposé à l’industrie automobile pour protéger l’environnement et la population. Dans la même optique, les microplastiques émis par les voitures requièrent désormais une attention particulière, selon les scientifiques. Aujourd’hui, le niveau d’émissions de CO2 des voitures est pris en compte par diverses instances comme l’administration fiscale, les compagnies d’assurances auto, etc. Ces acteurs participent ainsi aux efforts collectifs visant à réduire la pollution de l’air. Toutefois, l’automobile rejette encore d’autres éléments tout aussi dangereux que les microparticules et les gaz à effet de serre. Comme les échappements, les pneus et les freins produisent des polluants au quotidien. En effet, des petits morceaux de plastique s’en détachent continuellement à cause du frottement. Jusqu’à présent, ces microplastiques ont été méconnus et souvent négligés. Il s’agit pourtant d’une véritable menace pour l’environnement et la santé publique. Une contamination de grande ampleur Par vents favorables, du sable du désert du Sahara traverse régulièrement l’Atlantique pour atterrir dans le sud des États-Unis. Cet exemple permet de mesurer la gravité de la menace représentée par les microplastiques des voitures, selon l’environnementaliste Janice Brahney de l'Utah State University. En effet, le sable est constitué de minéraux plus denses que le plastique. Pourtant, il se répand facilement. De même, les petits morceaux de freins et de pneus sont transportés par le vent à travers la planète. Des microfibres plastiques venant de ces pièces se déplacent aussi dans l’atmosphère. Ces particules peuvent rester en suspension dans l’air ou atterrir rapidement en fonction de leur taille, forme et densité. Quoi qu’il en soit, le vent est le premier facteur de dissémination de ces polluants dans la nature. D’autres fragments de plastique sont transportés par les eaux de ruissellement et se déversent dans les caniveaux. D’une manière ou d’une autre, ces matériaux synthétiques finiront dans les rivières, les fleuves puis la mer. Seuls le circuit emprunté et la durée du processus varient selon la région considérée. Face à ce phénomène, l’eau peut déjà être considérée comme étant contaminée à grande échelle. Ainsi, par l’effet combiné de ces deux facteurs, des particules de microplastique se retrouvent dans des milieux a priori préservés des activités humaines. Ces éléments ont notamment été découverts dans l’Arctique, les Pyrénées françaises et plusieurs réserves naturelles des États-Unis ces dernières années. Un facteur aggravant du dérèglement climatique Retraçant le parcours des microplastiques, une nouvelle modélisation publiée récemment dans Nature Communications permet de se rendre compte de la propagation de ces polluants dans l’environnement. Ils s’échappent généralement des grandes agglomérations et se propagent ensuite dans l’air, dans la mer, en Arctique… La modélisation en question combine des données sur l’usure des freins et des pneus avec des modes de calcul de la dissémination de particules polluantes dans l’atmosphère. Elle permet ainsi d'évaluer le volume de microplastiques portés par le vent sur de courtes ou de très longues distances. Important Ainsi, selon ce modèle, 52 000 tonnes de microparticules de plastique se déversent dans les océans chaque année. Par ailleurs, 20 000 tonnes finissent dans les régions glaciales, même les plus éloignées. Les particules petites et légères sont susceptibles de s’envoler plus haut. Elles peuvent donc atteindre des zones lointaines avec des conditions atmosphériques favorables. Les fragments les plus denses, en revanche, atterrissent généralement à proximité de la source. Toutefois, la propagation par l’eau est encore possible pour ces éléments. Dans tous les cas, une énorme quantité de microplastiques s’accumulent dans les grandes régions glaciaires comme l’Arctique. Le phénomène pourrait à terme entraîner un assombrissement de la neige et des glaces. Ces dernières risquent ainsi de fondre plus rapidement et d’accélérer le dérèglement climatique. En effet, la couleur prédominant dans ces zones réfléchit davantage les rayons du soleil et la chaleur.