L’approvisionnement en médicaments des pharmacies s’interrompt souvent ces derniers temps. Le taux de tension a pratiquement doublé. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) lance l’alarme alors que le groupement d'intérêt économique (GIE) Gers se veut rassurant. Son inquiétude concerne notamment les médicaments n’ayant pas d’alternative comme les antidiabétiques Ozempic et Trulicity. Le taux de tension des médicaments est inquiétant ces derniers temps. Un représentant du GIE Gers, David Syr, constate un chiffre de 12,5 % en août contre 6,5 % en janvier. Cette situation a poussé l’ANSM à lancer l’alerte le vendredi 23 septembre 2022. Sa préoccupation concerne notamment Trulicity de la société américaine Eli Lilly et Ozempic de l’entreprise danoise Novo Nordisk. Ces injections contre le diabète type 2 ne sont pas remplaçables selon l’ANSM. D’autres traitements majeurs n’ont pas non plus de substitution selon toujours l’agence. Face à cette situation, le GIE Gers, groupement des sociétés pharmaceutiques, apporte des explications. Différentes causes à blâmer Les observateurs estiment que la guerre en Ukraine joue un rôle non négligeable dans la pénurie actuelle de médicaments en France. Les petites fournitures comme les flacons et les opercules ou les boîtes cartonnées, entre autres, manquent. Le mode de stockage et le système d’approvisionnement sont également à revoir selon l’économiste Pascal Perez. Les pharmacies s’approvisionnent auprès des grossistes, des dépositaires de médicaments ou directement des laboratoires. Si les premiers sont tenus de disposer d’un stock de quinze jours, les dépositaires ne sont pas soumis aux mêmes règles. Ce délai est toutefois trop juste pour les marchandises provenant d’Asie. Depuis 2021, les laboratoires pharmaceutiques ont également une obligation de stockage. Les mesures sont toutefois incomplètes selon Pascal Perez : Le décret d'application ne précise pas que le stock doit être en France et la mesure est largement inefficace, comme le montrent les récentes ruptures observées. Pascal Perez Pour ce qui est du cas des antidiabétiques, la rupture provient aussi d’une augmentation des demandes. La Fédération internationale du diabète rapporte une prévalence de 8,8 % sur la population du globe en 2015. Huit cas sur dix concernait le diabète de type 2 lié à l’obésité et à la malbouffe. Le taux calculé par le GIE Gers concerne les produits remboursés ou non par la mutuelle santé. Un désaccord entre le GIE Gers et l’ANSM La tension représente l’incapacité des fournisseurs à répondre aux demandes des pharmacies pendant une semaine, voire plus. La moyenne sur une période de longue durée est de 8 % selon le Gers. Celui-ci explique toutefois qu’ une tension n’est pas forcément synonyme de pénurie. Les médicaments sont disponibles sous différentes formes comme les comprimés et l’état liquide. Ces références peuvent ainsi se substituer en cas de pénurie de l’une des formes. D’un autre côté, un produit non remboursable concerné par une tension est de faible importance. Certains médicaments n’ont toutefois pas de substitution selon l’ANSM. C’est surtout le cas des traitements majeurs contre le cancer et le diabète. De plus, les nouvelles formes de médicaments n’ont pas encore de références disponibles. David Syr réplique : Une même molécule peut avoir des dizaines de références différentes et actuellement, les ruptures d'approvisionnement n'affectent aucun médicament pour plus de la moitié de ses références. David Syr L’ANSM insiste pourtant sur les problèmes d’approvisionnement en antidiabétiques. De plus, les 12,5 % de tension incluent des traitements devant être réalisés en continu. David Syr conteste cependant ces propos et assure qu’il existe des alternatives pour tous les médicaments. Il fait entre autres référence au paracétamol, aux antidiabétiques, aux statines, et aux traitements des remontées gastriques.