Faire en sorte que tous les Français bénéficient d’une assurance santé, tel est l’objectif de la branche maladie de Sécurité sociale. Mais en ces temps de crise sanitaire, cette généralisation a peu de chances de se concrétiser face aux retombées économiques de la pandémie. Les analystes redoutent même un recul du taux de couverture. Depuis plusieurs mois, les pays du monde entier doivent gérer les impacts de la pandémie du covid-19. En France, cette crise sanitaire a attiré l’attention sur le système de santé et des disparités ont été constatées au niveau des couvertures, notamment en termes de mutuelle santé. Cette inégalité est d’autant plus scrutée par les analystes, après que le gouvernement français se soit vanté d’avoir l’un des meilleurs systèmes de santé au monde. Le HCAAM, le haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie, a mené une étude sur le sujet, et les résultats ont révélé que trois millions environ de Français ne bénéficiaient pas d’une couverture santé, soit 5 % de la population. Au vu de ce constat, faudrait-il réformer le système de santé en France ? Une disparité de couverture santé Les résultats de l’enquête du HCAAM sont à relativiser selon celui-ci. En effet, il estime qu’au regard de ce taux, l’objectif de généralisation de la complémentaire santé est quasiment atteint avec 95 % de la population qui bénéficie d’une couverture. Toutefois, on est en droit d’émettre des doutes à ce sujet. En effet, comme il est mentionné dans le rapport : La moitié des personnes non couvertes ont des revenus inférieurs à 970 euros par unité de consommation et sont donc en situation de pauvreté. Qui plus est, comme le note le rapport du HCAAM, pour 20 % des ménages aux revenus modestes, ce taux de couverture ne s’élève qu’à 88 %. La complémentaire santé solidaire n’aurait pas ainsi eu les effets escomptés, soit garantir la facilité d’accès à la couverture complémentaire pour les ménages les plus précaires. En analysant un peu plus les résultats d’enquête du HCAAM. On remarque, d’ailleurs, qu’il y a une véritable disparité quant aux taux de couverture en fonction des populations. En effet, ce constat indique que ce taux est estimé à 97 % pour les salariés secteur privé et les retraités, alors que 6 % des travailleurs indépendants ne bénéficient pas d’une telle couverture. Un rôle essentiel des complémentaires santé Avec la crise sanitaire actuelle, ces disparités risquent de s’accentuer. On ne saurait encore dire à quoi s’attendre, mais les retombées économiques de la pandémie laissent entrevoir le pire. Qui plus est, la tendance haussière des tarifs appliqués par les complémentaires santé ne semble pas vouloir prendre fin, et ce, en dépit des économies sur les remboursements réalisés en 2020. Le HCAAM n’a, d’ailleurs, pas caché son appréhension. Il a alors déclaré que : Le poids des dépenses de santé dans le revenu disponible des ménages aujourd’hui a priori voisin de 4 % en moyenne aurait augmenté à 4,8 % en 2030 et à 5,8 % en 2040. Pour les 20 % de ménages de retraités les plus pauvres, le taux d’effort serait passé de 11 % aujourd’hui à 13,3 % en 2030 et 16 % en 2040 […] La tendance à l’accroissement des primes pose à terme la question d’un risque de désaffiliation de certains assurés. Conséquence de la crise sanitaire, le taux de 95 % de couverture santé de la population française pourrait ainsi reculer au cours des prochaines années. Il est donc urgent que le gouvernement déploie les mesures nécessaires pour maintenir le système de santé. Plusieurs solutions sont envisagées pour éviter ce scénario catastrophe. Et elles tournent toutes autour des prix imposés par les complémentaires santé.