Alors que les organismes de complémentaire santé ont réalisé des économies sur les remboursements à hauteur de 2,2 milliards d’euros l’année dernière, leurs tarifs 2021 ont encore subi des révisions à la hausse. L’UFC-Que-Choisir évoque une inflation médiane de 4,3 %, tandis que la Mutualité française annonce une augmentation moyenne de 2,6 %. À l’instar de ces dernières années, la hausse des tarifs de couverture santé fait débat. Mais cette fois-ci, cette inflation fait d’autant plus polémique compte tenu des économies réalisées sur les remboursements par les trois familles de complémentaire santé, à savoir la mutuelle santé, l’assurance et les institutions de prévoyance. Selon le chargé des comptes de l’État, ces thésaurisations s’élèveraient à plus de 2,2 milliards d’euros. Les enseignes de complémentaire santé justifient cette hausse quelque peu contradictoire en indiquant qu’elles s’attendent à un rattrapage massif des soins en 2021. Mais, pour ce qui est de l’ampleur de l’inflation, l’UFC-Que-Choisir et la Mutualité française ne sont pas d’accord. Une inflation médiane de 4,3 % L’UFC-Que-Choisir a tenté d’estimer l’augmentation des tarifs appliqués en 2021. Pour ce faire, l’association de protection des consommateurs a analysé 623 contrats provenant de 123 organismes de complémentaires santé différents. À l’issue de cette enquête, elle a dénoncé une inflation médiane de 4,3 %. C’est-à-dire que sur la moitié des contrats étudiés, l’association a constaté une augmentation des tarifs supérieure à 4,3 %. Selon les explications de la chargée de mission chez l’UFC-Que-Choisir, Lauriane Le Menn : On s'intéresse à la hausse des tarifs vraiment subie par les usagers. Il y a une hausse liée au fait que les personnes vieillissent, mais aussi des changements de seuil. Lauriane Le Menn D’après l’association des consommateurs, cette inflation des prix va se traduire par un surcoût annuel à hauteur de 79 euros pour les particuliers, voire plus de 200 euros pour un assuré sur cinq. Tout porte à croire que ces distributeurs de couvertures maladie complémentaires cherchent à répercuter la « taxe covid » qui leur a été imposée par le gouvernement sur leurs sociétaires. Il faut, en effet, rappeler que l’État a prélevé 1 milliard d’euros sur les économies qu’elles ont réalisées l’année dernière afin de renflouer les caisses de l’assurance maladie. Une évolution moyenne de 2,6 % De son côté, la Mutualité française admet que les tarifs de couverture santé vont augmenter, mais elle évoque une inflation bien inférieure à celle évoquée par l’UFC-Que-Choisir. En effet, la fédération a également mené sa propre enquête auprès de ses 32 mutuelles adhérentes qui couvrent 13,9 millions de personnes. À l’issue de cette étude, la Mutualité française a indiqué qu’en moyenne, les cotisations ne devraient augmenter que de 2,6 %. Elle a rajouté qu’une mutuelle sur cinq n’a pas haussé ses tarifs. Pour la Mutualité française, cette inflation des cotisations résulte des rattrapages massifs des soins qui devraient survenir en 2021. Qui plus est, à cause de la non-réalisation de ces soins l’année dernière, certaines pathologies se sont aggravées, ce qui va se solder par une hausse des dépenses pour les organismes complémentaires. Toujours est-il que pour de nombreux observateurs, cette augmentation de tarifs reste difficilement justifiable compte tenu de la réforme 100 % santé, appelée également reste à charge zéro, qui a été mise en place par le gouvernement. Grâce à ce dispositif, les assurés pouvaient avoir accès à des lunettes, des prothèses auditives et des prothèses dentaires entièrement remboursées par la Sécurité sociale et les complémentaires santé.