L’incendie de la tour Grenfell en juin 2017 a suscité nombre de réactions, notamment en France où le gouvernement a mis dans son collimateur les bâtiments à risques. C’est dans cette vision que deux arrêtés ont été publiés le mois d’août dernier, donnant un coup de pouce au processus de renforcement de la sécurité incendie des immeubles. Sept ans se sont passés depuis l’incident de la tour Mermoz, à Roubaix, mais le peuple s’en souvient encore comme étant un incendie des plus spectaculaire. Cinq années après s’est ensuivi l’embrasement de la tour Grenfell, à Londres, causant davantage de morts et de dégâts. Leur point commun : des feux de façade qui se sont propagés le long de leur façade, dont la rapidité s’expliquerait de prime abord par l’existence de matériaux fort combustibles dans la composition du mur. Des audits ont été effectués depuis, révélant d’autres failles. De quoi inciter les pouvoirs publics à reconsidérer les mesures de protection de certaines typologies d’immeuble, notamment les troisièmes et quatrièmes familles de bâtiments. Deux arrêtés sont même apparus au journal officiel (JO) afin d’y prêter main-forte. Les IMH dans le collimateur Dans le cadre de la refonte de la protection contre l’incendie de certains immeubles résidentiels, une nouvelle catégorie a vu récemment le jour : les IMH (immeubles de moyenne hauteur). Mise en place par le dispositif Elan voté en novembre dernier, ces derniers représentent les bâtiments de 28 à 50 mètres de hauteur et sont destinés à se substituer à ceux classés dans la quatrième famille. Ce type de bâtisse se trouve actuellement au centre des préoccupations du ministère de la Cohésion des territoires, à la suite des sinistres qui se sont survenus à Roubaix en 2012 et dans la ville londonienne cinq ans après, lors de l’incendie des tours Mermoz et Grenfell. Deux incidents qui ont mené le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) à pointer du doigt les isolations thermiques par l’extérieur comme étant une défaillance au niveau de la sécurité incendie. D’autant plus qu’en cas d’embrasement, il serait plus difficile pour les services de secours d’y intervenir. Une raison également, pour les assureurs, de majorer les frais afférents à l’assurance habitation. Des normes très précises Deux arrêtés ministériels ont été instaurés le mois d’août dernier et publiés au JO le 11 août, toujours dans l’objectif de mettre à jour les exigences de performance contre l'incendie des matériaux de construction des bâtiments d’habitation. Le premier, modifiant l'arrêté du 31 janvier 1986 relatif à la protection contre l'incendie des bâtiments d'habitation, revoit les dispositions permettant de restreindre la propagation du feu par les façades. À savoir, cette mesure ne se limite pas aux quatrièmes d'habitation seulement. Quant au second, il relève des articles R.122-30 à 34 du Code de la construction et de l'habitat ainsi que des modalités techniques du décret promulgué le 17 mai 2019 portant sur les travaux de modification des IMH. Plus précisément, il concerne les rénovations de façade dont le système doit appartenir du moins à la catégorie A2-s3-d0. Dans le cas contraire, la présence d’un écran thermique d’une performance de résistance au feu EI30 (vérifiée par un laboratoire agréé) est exigée. Et il faut dire que ces mesures vont mettre tous les acteurs du secteur immobilier (architectes, constructeurs, maîtres d'ouvrage et maîtres d'œuvre, promoteurs, gestionnaires de patrimoine et de parcs immobiliers, propriétaires, copropriétaires, syndics de copropriété et bailleurs) devant un tournant décisif de leur activité. De fait, ces mesures révolutionnaires sont soutenues par la Fédération française du bâtiment. À Jean-Charles du Bellay, se trouvant à la tête de sa direction des affaires techniques, d’affirmer : Beaucoup de promoteurs me disent qu'ils vont repartir dans l'isolation thermique par l'intérieur. Jean-Charles du Bellay Mais là aussi, plusieurs exigences doivent être remplies, à savoir : Des composants classés A2 fl-s1 pour les sols et les planchers ; Des matériaux classés A2-s2-d0 au moins pour les plafonds, les toitures et les parois verticales ; Un écran thermique le cas échéant, dont la capacité de confinement va de 15 à 30 minutes selon la typologie de l’immobilier.