Le dérèglement climatique n’est pas sans conséquence sur le marché de l’assurance, notamment sur les contrats d’assurance logement. Les catastrophes naturelles deviennent en effet plus fréquentes et les coûts engendrés n’ont cessé d’augmenter. Une réadaptation des contrats semble nécessaire afin de maintenir les couvertures proposées aux assurés. La responsabilité de ces derniers pour limiter les risques n’est d’ailleurs pas à exclure. Les dégâts causés par les catastrophes naturelles ont un poids de plus en plus important sur l’économie, particulièrement sur le marché de l’assurance. L’an dernier, le coût économique des dommages subis a atteint 155 milliards USD, dont 76 milliards ont été assumés par les compagnies d’assurance. Mais qu’est-ce qui explique alors cette croissance ? Trois chercheurs de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) ont identifié le facteur à l’origine de la fréquence des catastrophes naturelles : le changement climatique. Cette situation amène certains assureurs à se retirer des zones jugées à risque. Les contrats d’assurance logement sont-ils ainsi voués à disparaître eu égard au dérèglement climatique ? Des critères de couverture qui ne sont plus respectés Il suffit d’analyser de plus près la situation actuelle pour comprendre cette réticence de la part des compagnies d’assurance. En effet, pour qu’une indemnisation ait lieu, certains critères doivent être remplis. ImportantLa catastrophe naturelle, à l’origine du sinistre, ne doit par exemple pas avoir touché plusieurs logements en même temps. Il faut également qu’il s’agisse d’un évènement imprévisible, qui s’est produit indépendamment de la volonté des victimes. En outre, au niveau de l’assureur, le montant des primes doit être financièrement supportable. Mais aucun de ces critères n’est respecté aujourd’hui. En effet, l’explosion démographique et l’urbanisation croissante créent une concentration de la population et des capitaux au même endroit. Il devient ainsi fréquent que les sinistres affectent plusieurs victimes. Le coût devient également difficile à assumer pour les assureurs, qui arrivent à peine à se capitaliser en raison de l’ampleur des dommages à indemniser et de la fréquence des sinistres. Un besoin de réviser les contrats Puisque le contexte a changé, une adaptation des contrats d’assurance habitation semble ainsi nécessaire. À commencer par la considération des mesures de prévention prises par les assurés. Celles-ci contribuent à limiter l’ampleur et la fréquence des sinistres. Néanmoins, elles sont rarement prises en compte chez les compagnies d’assurance. Face à la situation actuelle, il paraît approprié d’en tenir compte pour déterminer les primes d’assurance. Certains assureurs ont entrepris de développer des solutions technologiques qui permettent de mieux appréhender les risques liés au changement climatique. S’appuyer sur des outils de partage de risques se présente également comme une possibilité. La titrisation en fait partie. Cela offre de sources de liquidités alternatives. À titre illustratif, la mise en place des obligations « Cat-bonds » en 1992 (générées par des banques, des assureurs et des réassureurs, après le passage du cyclone Andrew) figure parmi les exemples concrets. Générant des rendements intéressants, de tels produits ne sont pas rattachés aux actifs financiers existants. Anticiper l’effet des catastrophes naturelles Les assureurs peuvent en outre s’appuyer sur la réassurance ainsi que sur l’internationalisation, qui permet de mutualiser les risques et le coût des dommages laissés, pour disposer du capital nécessaire à la gestion des impacts du changement climatique. De même, avec le progrès technique, il existe une possibilité de mieux adapter les constructions aux aléas climatiques existants. La participation de l’État est également attendue. Il peut notamment mettre en place des réglementations adaptées pour les assureurs et sensibiliser les assurés sur la gestion des risques et des indemnisations. ImportantToutefois, en attendant que ces mesures soient déployées, certains assureurs ont déjà réadapté leur fonctionnement. L’idée est d’éviter le coût des sinistres provoqués par le changement climatique et les catastrophes naturelles qui en découlent. Dans certains pays européens par exemple, aucun assureur ne propose un contrat pour les zones où les risques sont jugés élevés, les risques d’inondation notamment. En France, la loi autorise les assureurs à refuser d’octroyer un contrat dans les zones vulnérables et non constructibles, recensées dans le plan de prévention des risques naturels (PPRn).