Dans le secteur automobile, les répercussions de la crise de semi-conducteurs varient d’un groupe à un autre. En témoignent notamment les résultats sur trois ou douze mois que les constructeurs ont publiés il y a quelques jours. Alors que la pénurie devrait s’atténuer d’ici décembre 2021, elle risque de se maintenir au-delà de cette échéance. Selon le cabinet AlixPartners, la pénurie de semi-conducteurs coûtera 110 millions de dollars aux constructeurs automobiles sur l’ensemble de 2021. Soit une baisse de 3,9 millions de véhicules en matière de production. À noter que certaines marques seront davantage affectées que d’autres. D’ailleurs, c’est déjà le cas avec les bilans trimestriels ou annuels présentés récemment par plusieurs enseignes. Parmi les plus touchés figure entre autres Ford qui a dressé vers fin avril des prédictions déplorables pour l’exercice 2021. En total, le géant américain s’attend à être amputé de 1,1 million de voitures. Entre avril et juin, il table sur une production en chute de moitié. Une conséquence infime pour certains Quant à General Motors, il a annoncé en février un déficit de 1,5 à 2 milliards de dollars en 2021. Toutefois, la société a revu ses résultats et espère désormais enregistrer un bénéfice d’exploitation élevé entre janvier et juin. Une grande partie des entreprises les plus influentes de la filière ont également été obligées de suspendre temporairement leurs usines. Ce qui a notamment conduit Nissan à une production en recul de 130 000 voitures entre janvier et mars 2021. Pour Stellantis, le chiffre monte à 190 000. Actuellement, ils pressentent un deuxième trimestre plus troublant à cause d’une dégradation des arrivages de composants électroniques. De son côté, BMW a avancé que l’impact de la crise serait minime pour le groupe. Jusqu’à présent, il n’a connu que de courts arrêts sur un site outre-Rhin. Pareil pour les lignes d’assemblage de Mini de l’autre côté de la Manche. Même prévision pour Toyota. Le constructeur ambitionne de totaliser 10,5 millions de nouvelles immatriculations sur l’exercice qui a débuté le 1er avril dernier. Un chiffre qui placera la firme japonaise parmi les plus demandées en souscription d’assurance auto. Pour information, elle a enregistré 9,9 millions de ventes en 2020. La crise risque de persister Face à cette situation, l’analyste de Jefferies, Philippe Houchois explique : Ces deux constructeurs sortent du lot car ils ont, de longue date, développé de meilleures relations avec leurs fournisseurs que la moyenne. Philippe Houchois Néanmoins, d’autres ambitionnent de rattraper leur retard d’ici décembre 2021. Pour les prochains mois, Nissan compte porter à 250 000 véhicules les répercussions de la pénurie de puces électroniques. Auparavant, les responsables présageaient des retombées deux fois plus graves. En parallèle, nul n’entrevoit une amélioration rapide de la situation. L’expert chez IHS Markit, Jeremie Bouchaud redoute que les offres dernièrement annoncées ne puissent satisfaire la demande. Il indique : Beaucoup portent sur des micropuces, de quelques nanomètres, alors que l’automobile utilise plutôt des puces plus grandes. Jeremie Bouchaud Toutefois, le professionnel prévoit une embellie entre octobre et décembre. De son côté, le directeur financier de Stellantis pronostique un affaiblissement de la crise d’ici fin 2021. Cependant, il prévient : […] On ne peut pas clairement affirmer qu’il sera entièrement résolu en 2021 […]. Jeremie Bouchaud