Depuis l’année dernière, la présentation de stratégie relative à la voiture électrique s’enchaîne chez les constructeurs habitués au thermique. Des actions qui visent à grappiller des points en matière de cours boursier. Par ailleurs, elles ont également pour but de persuader les investisseurs que les enseignes traditionnelles peuvent rivaliser avec Tesla. Ford a dévoilé la suite électrique du célèbre pick-up F-150, la variante Lightning, il y a quelques jours. Un véhicule qui marque un grand pas vers l’objectif de l’entreprise à l’horizon 2030. Pour information, cette dernière ambitionne d’ici la fin de la décennie de totaliser quatre transactions mondiales sur dix en 100 % électrique. La firme a même vers la mi-mai 2021 fait essayer sa nouvelle voiture par Joe Biden, le président des États-Unis. En dix jours, elle a vu son cours en Bourse s’accroître de 30 %. Depuis le 4 janvier 2021, cette valeur frôle la barre des 80 %. Rattrapage chez certains groupes Dans le même ordre d’idée, Volkswagen a fait sensation le 15 mars dernier pendant son « power day ». Le groupe allemand a annoncé la venue de six gigafactories en Europe d’ici 2030. À cette échéance, il aspire à réaliser la moitié de ses ventes à l’échelle du globe en pur électrique. Soit environ 5 millions d’unités par an. Un chiffre qui entraînera certains changements, notamment au niveau des professionnels en assurance auto. Depuis le début de 2021, le cours de la multinationale de Wolfsburg a gonflé de 64 %. En parallèle, certains constructeurs ont enregistré un parcours boursier moins brillant. Cela concerne entre autres BMW (+34 %), Stellantis (+30 %), Renault (-8 %), etc. Des enseignes de la vieille école, qui ne se sont pas vraiment mises à l’électrique jusqu’ici. Toutefois, bon nombre d’entre eux projettent de rattraper leur retard. Dans les semaines à venir, Renault devrait par exemple présenter sa stratégie dans l’électrique à ses partenaires financiers. Leur continuité en jeu Dans ce contexte, l’analyste au sein de Jefferies, Philippe Houchois déclare : Les investisseurs ont compris que les constructeurs traditionnels étaient également crédibles dans l’électrique. Et que Tesla n’allait finalement pas dominer le monde. Philippe Houchois Un autre observateur ajoute que l’accroissement colossal de l’entreprise californienne envoyait une annonce très claire aux fabricants de longue date. Concrètement, ils doivent réagir pour survivre d’ici dix ans. À ce titre, la cote boursière de Tesla était six fois plus importante que celle de Volkswagen en décembre 2020. Comparée à la part de Toyota, celle-ci se situait à un niveau trois fois plus élevé. À noter que le géant de Palo Alto écoule annuellement 500 000 voitures. Les deux premiers de cette filière en volume en totalisent en revanche 10 millions. Depuis janvier 2021, le cours de Tesla à Wall Street s’est replié de 35 %. Pour leur part, ceux des fabricants historiques ont augmenté, en partie grâce à leur promesse d’électrifier leur production. Cependant, Philippe Houchois prévient que l’écart ne disparaîtra pas complètement : Tesla peut profiter de la croissance du marché de l’électrique, tandis que pour les autres, il s’agit d’un jeu à somme nulle. Ils gagnent dans l’électrique mais doivent en parallèle gérer la chute du thermique. Philippe Houchois