Prise dans sa globalité, l’économie allemande a de quoi faire des envieux. Mais une récente étude réalisée par la Friedrich-Ebert-Stiftung pointe du doigt un creusement des inégalités entre les régions les plus riches et les plus pauvres. Un nombre croissant de communes sont confrontées à des problèmes majeurs, entraînant l’exclusion de millions de personnes. Un nombre croissant de régions en difficulté Sur le papier, tous les voyants sont en vert pour l’économie allemande avec un chômage en baisse, des exportations en hausse et un taux de croissance stable. Important Mais la réalité est tout autre, car certaines régions sont en proie à d’importantes difficultés face aux enjeux du monde moderne : mondialisation, évolution démographique, transformation digitale, mutation dans le secteur industriel à l’Est et dans les régions métropolitaines de l’Ouest… C’est notamment le cas de la Rhénanie-du-Nord–Westphalie. Dans la ville de Gelsenkirchen, par exemple, le revenu par habitant n’est que de 16 000 euros environ alors qu’à Starnberg, commune située au sud-ouest de Munich et reconnue comme la plus riche de toute l’Allemagne, ce montant est deux fois plus élevé. Gelsenkirchen affiche ainsi un taux de chômage supérieur à 10 %, nettement au-dessus de la moyenne nationale. Outre un endettement important, la ville est progressivement désertée par ses habitants. Important Les analystes de la Fondation voient dans ces changements sociétaux une des causes de la perte de confiance des citoyens dans les partis politiques historiques et le système démocratique, et de la montée du populisme de droite. Risque d’aggravation des inégalités territoriales, même dans les villes prospères Important Selon l’OCDE, faute de mise à jour des compétences de la main d’œuvre, les inégalités territoriales risquent de s’aggraver à mesure que l’automatisation du travail progresse. Même les villes les plus prospères comme celles du sud, de l’ouest et du nord, et même la capitale, ne sont pas épargnées par l’accroissement de la pauvreté. Car même si le chômage recule, l’écart entre les plus aisés et les moins fortunés se transforme en véritable gouffre. La forte hausse des loyers et du coût de la vie en général exerce une pression croissante sur la classe moyenne. Les emplois précaires se multiplient, tandis que les salaires diminuent. Le recours à des dispositifs comme le rachat de crédit augmente. Les prêts en cours sont regroupés et remplacés par un nouveau contrat à un taux plus avantageux et associé à une mensualité unique mieux adaptée à la capacité de remboursement de l’emprunteur. Les recommandations des analystes de la Friedrich-Ebert Stiftung Important Une commission « Conditions de vie égales » a été mise en place par le gouvernement allemand à la mi-2018 afin de proposer des solutions concrètes contre ces inégalités accrues en tenant compte des spécificités régionales. Pour lutter contre les fléaux du marasme économique, du chômage et de l’émigration, la FES a émis certaines recommandations aux responsables politiques, au premier rang desquelles le rétablissement urgent de l’équilibre entre le gouvernement fédéral et les États fédéraux. Les auteurs de l’étude plébiscitent également la création d’un fonds commun d’allègement de la dette des communes les plus pauvres et une restructuration des aides publiques à l’investissement. Pour les populations fragiles, ils souhaitent l’exemption de cotisation sociale et des mesures d’accompagnement dédiées aux parents isolés, qui s’inscriraient dans le cadre de la lutte contre la pauvreté des enfants et contre le décrochage scolaire.