Dans une zone euro confrontée à une activité en berne, la France se distingue en affichant sa croissance au troisième trimestre 2019, dans la continuité des mois précédents. Fin octobre, l’Insee publiait un rapport indiquant une hausse de 0,3 % du produit intérieur brut (PIB) sur la période, en ligne avec ses estimations les plus récentes et celles de la Banque de France. Effet tardif des mesures en faveur du pouvoir d’achat des ménages Selon l’Insee, « le léger rebond des dépenses des ménages entre juillet et septembre après un repli au cours du trimestre précédent justifie la croissance de 0,3 % ». La consommation de biens, notamment les ventes de véhicules, est le principal moteur du mouvement. Lorsque les mesures prises en faveur du pouvoir d’achat des Français afin d’apaiser la grogne sociale à l’origine de la crise des gilets jaunes feront effet, l’institut anticipe une progression record de 2,3 % pour 2019, renouant avec les niveaux de 2007. Pour les économistes, cette augmentation des dépenses est cruciale, dans la mesure où elle impacte directement l’économie nationale. Il reste que pour l’heure, « l’amélioration des capacités financières des ménages a plutôt profité à l’épargne, qui s’élève cette année près de 800 euros par foyer », d’après l’OFCE. Stéphane Colliac, économiste au sein d’Euler Hermes, leader mondial de l’assurance crédit, explique que « la conjoncture incite les consommateurs à concrétiser des projets de long terme comme une acquisition immobilière ». Stéphane Colliac Bien que générant de la croissance, en ponctionnant une partie des ressources et l’épargne disponibles des ménages, ces dépenses diminuent mathématiquement les sommes à affecter à d’autres postes et poussent les personnes à se lancer dans le rachat de crédits. Enfin, les variations des stocks des entreprises ont contribué pour 0,1 point aux chiffres en hausse du troisième trimestre. Résistance confirmée de l’économie tricolore dans une Europe en difficulté Les statistiques montrent en revanche un repli de l’investissement à +0,9 % alors qu’il a atteint +1,2 % au deuxième trimestre. Cette stabilité est soutenue principalement par l’investissement des entreprises, qui enregistre une légère hausse (+1,2 %) alors que celui des ménages tombe à (+0,1 %). Entre avril et juin 2019, ces deux indicateurs s’affichaient respectivement à +1,1 % et +1,6 %, cette dernière performance ayant été portée par le dynamisme du marché immobilier. La croissance a par ailleurs été plombée par le commerce extérieur dans un contexte d’augmentation des importations (+1,4 %) alors que les exportations n’ont crû que de 0,3 % après un recul de 0,1 % au cours de la période précédente. Dans l’éventualité d’une croissance nulle pour les trois derniers mois de 2019, le PIB devrait être de 1,2 %, d’après les estimations annoncées en fin septembre. Important Ces données montrent que l’économie tricolore résiste quand l’ensemble de la zone euro subit une récession comme le montrent les perspectives de croissance de la FMI pour l’Europe, révisées à la baisse (1,2 %) à la mi-octobre. Pour sa part, le gouvernement reste optimiste, tablant sur un PIB de 1,4 % pour cette année. De leur côté, la Banque de France et l’OCDE s’alignent sur les prévisions de l’Insee, qui anticipe une progression de 1,3 % de l’activité économique, à 0,5 point de pourcentage en dessous de son niveau de 2018.