Dans cette crise sanitaire où presque tous les pays du monde sont plongés actuellement, les personnes âgées semblent payer le prix fort, étant parmi les plus vulnérables face au Coronavirus. Mais au-delà de cette fragilité, il faut reconnaître que le malaise vient aussi de leur isolement forcé. En effet, sans contact de leurs proches, les seniors risquent de mourir à petit feu. Outre les patients présentant des signes de comorbidité, les personnes de troisième âge sont également les plus à risque en cette période de pandémie. Le fait est que leur chance de survie est bien moindre en cas de contamination. Ce qui explique, sans aucun doute, le niveau de mortalité nettement élevé dans les Ehpad. C’est aussi la raison pour laquelle les autorités de santé ont envisagé des mesures de cantonnement plus strictes pour ces profils fragiles. Une initiative a priori fort louable, mais qui n’est pas dépourvue d’inconvénients. Ces derniers semblent être même un peu lourds pour les concernés, car ils affectent leur santé psychique. À savoir, compte tenu de leur âge avancé, les aînés ont besoin de repères et de liens affectifs pour ne pas partir à la dérive. Une mesure qui mérite d’être relativisée 2 189 personnes décédées du coronavirus depuis le 1er mars dans les établissements dédiés aux personnes âgées et dépendantes, c’est la statistique communiquée par la direction générale de la Santé au 5 avril dernier. Des chiffres qui donnent froid dans le dos. D’autant qu’il va sans redire qu’en dépit des meilleurs accompagnements médicaux, dont les coûts sont pris en charge par la Sécurité sociale à laquelle se relaie la Mutuelle senior de l’assuré, le taux de guérison est des plus faible pour les malades du Covid-19. De quoi susciter l’angoisse des soignants mis à leur charge, craignant tous les jours la menace d’une extermination de masse. Une raison pour laquelle l’on a suspendu les visites dans les Ehpad bien avant le confinement général, le 13 mars dernier, pour limiter l’exposition des résidents au virus. Comme l’a fait valoir le dirigeant de l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), Romain Gizolme : Aujourd'hui, l'urgence absolue et ce à quoi se consacre le personnel, c'est faire en sorte que le virus n'arrive pas jusqu'aux personnes âgées. C'est l'élément essentiel et l'enjeu des semaines à venir. Romain Gizolme Visant à remédier le problème de contagion, cette mesure sanitaire a engendré une autre complication qui n’est autre que les effets négatifs de l’isolement. Certes, celle-ci se pose moins chez les seniors en bonne santé psychique, car il est plus facile de conserver les contacts avec les proches en déployant plusieurs outils (courrier, téléphone, skype, WhatsApp…). Mais le cantonnement s’avère préjudiciable pour ceux qui souffrent déjà de confusion mentale étant donné qu’ils ont plus que besoin des liens affectifs ainsi que de leurs repères pour se retrouver. À France Alzheimer de souligner : Cette décision peut avoir un impact significatif sur le bien-être des personnes âgées et notamment des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou d'une maladie apparentée, ayant besoin de repères réguliers, souvent attachés à la présence d'un proche. Cela pourrait avoir des conséquences directes sur l'évolution des troubles cognitifs. À la fondatrice du site web Agevillage et directrice des formations Humanitude, Annie De Vivie d’ajouter : Si ces résidents fragiles sont coupés de tout lien pendant un mois et demi, ça risque d'être tragique pour eux. Annie De Vivie La préservation de la santé psychique, aussi importante que le physique L’isolement est néfaste au cerveau humain, peu importe l’état mental du sujet. Pour autant, les personnes fragilisées psychologiquement en sont davantage affectées. Quoi qu’il en soit, leurs réactions peuvent être différentes. Tandis que certaines se révoltent pour bénéficier de plus d’attention, d’autres se replier sur elles-mêmes. Les professionnels soignants devraient être à même de détecter le moindre trouble comportemental (agressivité, symptômes de dépression, perte d’appétit, défaillance de la mémoire, confusion en termes d’orientation…). L’on pourrait également s’attendre à une perte de leur autonomie, voire leur détérioration physique brutale. Outre la vigilance du personnel en charge de ces seniors fragiles psychiquement, l’établissement auquel ils ont été confiés doit mettre en place des mesures adéquates pour atténuer le sentiment de solitude de ses résidents confinés. Comme le stipulait le ministère des Solidarités et de la Santé, en appliquant quelques dérogations sur les règlementations. Ainsi, les visites sont autorisées en cas de : Situation de fin de vie ; Décompensation psychologique ; De refus inexplicable de s'alimenter. La liste est exhaustive, et l’initiative à prendre avec modération. À Romain Gizolme de préciser : Du fait de la situation sanitaire, il convient toutefois d'utiliser ces dérogations avec la plus grande parcimonie. Romain Gizolme