À l’hôpital, le personnel non soignant n’est pas forcément en contact direct avec les personnes contaminées par le Covid-19. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’est pas en première ligne dans la lutte contre la maladie virale. Or, ces employés sont les premiers à avoir pâti de la pénurie de matériel de protection dès le début de la pandémie. Le 16 juin dernier, un peu partout dans l’Hexagone, le personnel hospitalier s’est mobilisé pour dénoncer le manque de moyens auquel il est confronté. Parmi les manifestants figuraient des soignants, mais aussi des techniciens de laboratoire, des agents de blanchisserie, des ambulanciers, etc. Estimant que leur métier n’est pas du tout valorisé, les non soignants exigent d’être reconnus au même titre que les médecins et les professions paramédicales. Cette revendication sous-entend-elle que la direction de leur hôpital doit leur négocier une mutuelle santé collective ? Ils bénéficieront ainsi de cotisations moins élevées que s’ils avaient souscrit individuellement une complémentaire santé. La protection du personnel non soignant est passée en deuxième plan durant la pandémie En pleine pandémie de coronavirus, durant plusieurs semaines, le personnel hospitalier non soignant a souffert du manque d’équipements de protection. Un technicien du service de biologie centralisé du CHU de Bordeaux relate notamment qu’il a dû manier des prélèvements de patients infectés sans porter de masque. Cet agent travaille avec plus de 20 autres personnes dans des locaux étroits, empêchant ainsi toute pratique de la distanciation sociale. Il révèle : Tout le personnel hospitalier a ressenti la pression psychologique de cette épidémie, j’ai eu peur de mourir, d’infecter ma famille. À Paris, un technicien de laboratoire de l’hôpital Saint-Louis raconte que des cas de contamination ont été découverts parmi ses collègues. Toutefois, ces agents n’ont pas été considérés comme prioritaires pour bénéficier de matériel de protection en raison de l’absence contact direct avec les malades. Le représentant de l’AFTLM (Association française des techniciens de laboratoire médical), Guillaume Ladrange, qualifie de contrevérité l’association du personnel hospitalier non soignant à une seconde ligne. Au plus fort de la crise sanitaire, la quasi-totalité de ces employés a été largement sollicitée dans le cadre de la prise en charge des malades. Christian Bougis, syndicaliste FO (Force Ouvrière) à l’hôpital de Dinan, explique : Derrière la prise en charge d’un patient, c’est une véritable chaîne de soins. Impossible pour les soignants d’exercer sans ces dizaines de métiers de l’ombre, et inversement. Christian Bougis D’importantes inégalités entre les employés des hôpitaux Les non soignants représentent environ 50 % des employés de l’AP-HP (Assistance Publique-Hôpitaux de Paris). Ils ont ainsi été nombreux à avoir manifesté dans la capitale le 16 juin pour exiger la revalorisation des salaires et des carrières dans l’hôpital dans le cadre du Ségur de la santé. Selon Christian Bougis, il est nécessaire que le gouvernement cesse : [...] de donner des primes et reconnaisse enfin tous les personnels hospitaliers à leur juste valeur en revalorisant toutes les grilles de salaires de 300 à 400 euros et en titularisant les emplois. Christian Bougis D’ailleurs, l’octroi de primes Covid révèle de grandes différences de traitement entre les diverses professions hospitalières. Durant la pandémie, certaines régions ont accueilli des malades provenant des zones les plus impactées. Elles ont donc aussi été considérées comme des territoires en première ligne face à la maladie virale. Pourtant, les gratifications des employés de 117 établissements hospitaliers de zone 2 doivent être hiérarchisées de manière arbitraire. En parallèle, un décret fixant un plafond de 500 euros pour 60 % des bénéficiaires de la prime Covid est paru le 12 juin 2020. Christian Bougis avance : Cette iniquité est discriminatoire et va engendrer certaines rivalités au sein de mêmes structures. Christian Bougis De son côté, Guillaume Ladrange pointe l’inégalité en matière d’heures supplémentaires. En effet, si certains employés y ont eu droit durant la crise, d’autres n’ont pas pu toucher les leurs. Tel est notamment le cas des techniciens de laboratoire.