Le confinement a été particulièrement éprouvant pour les étudiants. En plus de ne pas avoir pu exercer leurs activités rémunératrices habituelles, ils n’ont pas eu la possibilité de se rendre dans les restaurants universitaires. Cette population déjà précaire a ainsi dû faire face à plus de difficultés économiques. Une situation aggravée par l’isolement et les problèmes d’accès aux soins. Affectés par la crise actuelle, les étudiants ont besoin d’un suivi psychologique. Ce dernier est-il pris en charge par leur mutuelle familiale ? Ce serait réellement nécessaire, car leur santé mentale est mise à mal par la conjoncture. Autre priorité : leur alimentation. Le confinement a révélé leur précarité à ce niveau-là. Avec la fermeture des restaurants universitaires et un budget limité, les étudiants ont peiné à se nourrir. Il est également important de se pencher sur d’autres points comme la qualité de sommeil ou l’accès aux contraceptifs. Un sondage mené par LMDE au niveau national révèle notamment que 25 % des répondants affirment être sujets à des insomnies chroniques. La santé psychique des étudiants est éprouvée par la crise actuelle Christophe Tzourio, neurologue et professeur d’épidémiologie de l’université de Bordeaux, a lancé une étude sur les effets de la pandémie de coronavirus sur la santé mentale des étudiants. Les résultats montrent que 27 % d’entre eux ressentent de la tristesse, de la déprime ou du désespoir plus de 50 % de leur temps, voire au quotidien. En guise de comparaison, la proportion de non-étudiants dans le même état s’établit à 16 %. Par ailleurs, 27 % des étudiants déclarent être inquiets en permanence et de manière excessive, contre 16 % des non-étudiants. Le médecin note : Sur la santé psychique, les étudiants ont systématiquement des scores plus inquiétants que les non-étudiants. D’ordinaire, à peine 25 % des étudiants manifestant les symptômes d’un épisode dépressif affirment se rendre auprès d’un spécialiste de la santé mentale. Et à mesure que la prise en charge est décalée, ils voient leurs difficultés s’aggraver. Or, 75 % des premiers signes de troubles psychiatriques surviennent avant 24 ans. De plus, le suicide est la seconde cause de décès chez les jeunes en France. Les étudiants doivent choisir entre des besoins vitaux Leur budget étant restreint, les étudiants négligent leur santé. Celle qui est à la tête de LMDE (La Mutuelle des étudiants), Pauline Raufaste explique : Un jeune en difficultés financières préfère se payer à manger plutôt qu’une consultation chez le médecin. Pauline Raufaste La présidente fait notamment observer que les demandes de remboursement ont fortement régressé depuis le début de la pandémie. Pour l’heure, il n’est pas possible de déterminer précisément l’impact de la crise actuelle sur la santé des étudiants. Néanmoins, il est certain qu’elle aggravera le renoncement aux soins chez eux. L’épidémie de coronavirus aura été pénible pour cette catégorie de population sur tous les plans. Durant le confinement, nombre d’étudiants ont été contraints de s’enfermer dans des chambres exiguës, coupés du reste du monde. Par ailleurs, les mesures sanitaires mises en place pour limiter la propagation du virus ont entraîné de nouvelles modalités pour passer les examens. À cela se sont ajoutés les problèmes matériels induits par les cours en ligne. Inquiets quant à l’avenir, les étudiants peuvent se replier sur eux-mêmes, devenir dépressifs ou développer des addictions.