La politique salariale est un sujet qui peut faire l’objet de débats entre les salariés. Les invités des Rencontres RH qui se sont déroulées à Paris le 14 janvier dernier en ont discuté. Planifié par Le Monde, l’évènement a permis de se pencher sur l’actualité du management. Ce fut notamment l’occasion de comprendre comment les sociétés conçoivent leur grille salariale. Une autre époque. Telles sont les trente glorieuses en termes de politique de rémunération, comme l’indique Elise Penalva-Icher, sociologue. Il n’empêche que dans les années 90, les entreprises ont commencé à rendre les rémunérations sur les résultats davantage objectives. C’est ce que révèle le directeur des relations sociales chez Axa, Jean-Christophe Sciberras. Qu’en est-il de la situation actuelle ? Régis Mulot, qui travaille chez Ipsen en tant que DRH, indique que les entreprises modifient souvent leur grille. La manière d’aborder les salaires se complexifie. En est-il autant des mutuelles entreprise ? Elise Penalva-Icher avance que la diversité des facteurs qui influencent les salaires n’arrange pas la situation. La transparence est-elle un concept relatif pour les DRH ? Actuellement, les salariés se retrouvent confrontés à une grille de rémunération de plus en plus individualisée. Si les cadres consentent à l’application de ce principe, celle-ci demeure compliquée selon Elise Penalva-Icher. Autre réalité : la politique de rémunération gagne en complexité. Cela dit, les DRH ne sont pas tous prêts à faire preuve de transparence sur le sujet. Le DRH d’Unibail-Rodamco-Westfield, Emmanuel Dufour, met en avant la dimension humaine pour justifier cette position. Quant au DRH de Cegos, Christophe Le Bars, il tente de rassurer en soulignant que les actionnaires jouent un rôle crucial dans la politique de rémunération : En quinze-vingt ans, le rôle de l’actionnariat a énormément évolué, pas seulement sur la rémunération des dirigeants… Dans de nombreuses assemblées générales, les actionnaires interrogent aujourd’hui sur les modalités de rémunération des salariés. Christophe Le Bars Les salariés tendent à se comparer à leurs pairs face au manque de transparence L’évolution des salaires sera moindre cette année par rapport à celle de 2019. Ce constat résulte des négociations annuelles obligatoires. De nombreuses études viennent le confirmer, et ce, depuis début janvier dernier. Les détails, tout comme le fonctionnement de la politique salariale, restent flous pour les salariés. Or, ces derniers revendiquent une certaine transparence, comme le note Elise Penalva-Icher. C’est aussi ce que renchérit Régis Mulot : Ce que j’entends de mes collaborateurs, c’est qu’ils veulent comprendre le système, la cohérence. Elise Penalva-Icher En conséquence, les employés masculins évaluent leur rémunération en se comparant à leurs supérieurs ou à leurs collègues. Les femmes, pour leur part, ont tendance à s’informer auprès de leurs subordonnés. Dans tous les cas, cette pratique qui s’appuie sur le relationnel est source d’insatisfaction selon la sociologue.