63 % des patients affirment avoir déjà renoncé à une consultation ou à des soins médicaux dans tout l’Hexagone. Ces chiffres proviennent d’un sondage BVA commandé par France Assos Santé. La plupart du temps, les personnes interrogées justifient cette décision par un reste à charge encore trop élevé et des délais d'attente souvent très longs. France Assos Santé a missionné BVA pour effectuer un sondage visant à évaluer l’ampleur du renoncement aux soins à l’échelle nationale. L’organisme est ainsi parvenu à des conclusions particulièrement inquiétantes concernant l’accès aux soins et le secteur de la santé en général. Les résultats du sondage ont été publiés dans le Journal du Dimanche le 17 novembre dernier. Selon cette étude, plus de six patients sur dix (63 % plus précisément) ont déjà décidé de ne pas se faire soigner pour différentes raisons. Outre le manque de moyens pour payer le reste à charge, les délais d’attente figurent notamment parmi les premiers motifs invoqués par les Français interrogés. Un secteur problématique D’après le sondage BVA-France Assos Santé, 49 % des répondants ont déjà renoncé à se faire soigner en raison du manque de praticiens. 45 % des personnes interrogées, en revanche, ont fini par s’y résoudre à cause de problèmes d’ordre financier. Par ailleurs, les délais d’attente chez certains praticiens n’arrangent en rien la situation. Par exemple, la durée moyenne entre la prise de rendez-vous et la consultation d’un ophtalmologue peut atteindre 80,6 jours. C’est ce que révèle une étude Ipsos récente commandée par le Rassemblement des opticiens de France et publiée par Le Parisien. La grande majorité des sondés (88 %) estiment que les délais d’attente ont nettement empiré depuis 2014. L’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmologue varie toutefois en fonction du lieu de résidence du patient. Ainsi, un habitant du Centre-Val de Loire devra patienter jusqu’à 118,3 jours avant de pouvoir consulter ces spécialistes, rares dans cette région. En revanche, il ne faudra que 46,4 jours d’attente pour obtenir un rendez-vous en Île-de-France. Des inégalités entretenues par un problème de fond Le problème d'accès aux soins en France révèle essentiellement d’une question de disparités sociales qui est aggravée par l’attitude de certains professionnels de la santé. En effet, en raison de leur statut, des praticiens ont déjà refusé de recevoir un quart des bénéficiaires de la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) et de l'ACS (aide à l’acquisition d’une complémentaire santé). Comme l’a indiqué au Journal du Dimanche la chargée de mission Assurance maladie de France Assos Santé, Féreuze Aziza : « Ces résultats ne nous étonnent pas, car ils correspondent à ce qui nous remonte du terrain. Mais, ils nous inquiètent. » Féreuze Aziza Par ailleurs, le renoncement aux soins est très fréquent au sein des catégories sociales les plus précaires. Sont notamment concernés : les jeunes ; les ménages modestes ; les personnes vivant dans des zones rurales ; les individus en situation de handicap.