Dans un contexte de transition énergétique, les consommateurs sont généralement ouverts aux alternatives au diesel et à l’essence. Pourtant, le superéthanol (E85) est encore peu utilisé malgré ses nombreux atouts. Ce carburant est en effet moins cher et peu polluant. Toutefois, il est plus corrosif que ses aînés. Cette spécificité pourrait expliquer son manque de popularité. Si elles n’ont pas un impact direct sur le prix de l’assurance auto, les émissions de CO2 d’une voiture sont en revanche décisives en matière de fiscalité. Les automobilistes s’efforcent ainsi de privilégier les motorisations électrifiées ou du moins les combustibles peu polluants. Ce contexte est théoriquement favorable aux carburants alternatifs tels que l’E85. Toutefois, le superéthanol s’avère problématique en raison de ses propriétés chimiques. Il est certes plus écologique et économique, mais se révèle nocif pour les mécaniques non adaptées. Or, les constructeurs semblent faire l’impasse sur cette technologie. Les consommateurs intéressés par cette solution doivent donc adopter les boîtiers de conversion, en dépit des risques pour leur moteur. Un marché encore confidentiel La France recensait quelque 1 885 stations proposant de l’E85 en juin dernier. Encore très restreint, le réseau a néanmoins gagné 616 points d’approvisionnement supplémentaires depuis 2019. Certains observateurs y voient une démocratisation progressive du carburant alternatif. Les producteurs restent toutefois peu satisfaits de cette évolution à peine perceptible. Le parc automobile français comprend seulement 129 000 voitures utilisant du superéthanol, d’après le SNPAA (Syndicat national des producteurs d'alcool agricole). De plus, 90 000 d’entre elles sont équipées de boîtiers de conversion. Autrement dit, seuls 39 000 véhicules ont été réellement conçus pour être propulsés avec ce carburant. Le désintérêt pour l’E85 tend d’ailleurs à se renforcer dans le secteur. Aujourd’hui, aucun constructeur ne produit plus de modèles fonctionnant d’origine au superéthanol. Ford, par exemple, a récemment arrêté de vendre la Kuga FlexiFuel dans l’Hexagone. La marque en a livré 6 356 unités l’an dernier sur le marché français. À en croire certaines rumeurs, Fiat travaille actuellement sur de nouveaux modèles conçus pour l’E85. Le constructeur italien n’a émis aucun commentaire sur le sujet pour l’instant. Jaguar Land Rover, pour sa part, prévoit d’équiper d’un moteur FlexFuel la version hybride de la Land Rover Discovery Sport et de celle de la Range Rover Evoque. Des particularités dissuasives Important L’E85 est composé d’éthanol et d’essence (35 % en hiver et 15 % en été). Ce carburant permet ainsi de réduire de près de 66 % le niveau d’émissions de CO2 du véhicule par rapport au SP95. Ces chiffres ont été publiés en 2017 par ePure, le lobby du superéthanol en Europe. Les avantages évoqués par les promoteurs du carburant alternatif peuvent être vérifiés avec les quelques rares modèles disponibles sur le marché. La Ford Kuga FlexiFuel, par exemple, affiche des émissions 40 % inférieures à la motorisation essence classique. En effet, elle émet 96 g/km contre 156 g/km sur l’autre version. La baisse est flagrante, même si l’écart est moins large que promis par le lobby. Grâce à cette spécificité, les voitures roulant à l’E85 peuvent bénéficier d’un abattement atteignant 40 % sur le malus écologique. En outre, les prix à la pompe sont en moyenne deux fois moins chers que les carburants classiques (0,66 euro par litre contre 1,32 euro environ). Le gain potentiel est estimé à 450 euros par an, selon le SNPAA. Cependant, le superéthanol est plus corrosif et affiche une densité énergétique plus faible par rapport aux combustibles classiques. Il risque donc d’accélérer l’usure du moteur. Ce phénomène est particulièrement marqué sur les modèles non conçus pour ce carburant.