La crise sanitaire a entraîné une baisse significative de la sinistralité automobile dans l’Hexagone en raison des restrictions de déplacements appliquées durant deux mois. Les assureurs redoutent une hausse tout aussi importante du nombre d’accidents de la route en cette période post-confinement. En effet, les Français tendent à privilégier la voiture et les vacances dans leur pays. Les consommateurs ont la possibilité d’observer l’évolution des tarifs en réalisant régulièrement une simulation assurance auto. En revanche, cette technique ne permet pas vraiment de mesurer la hausse de coûts évoquée par les acteurs du secteur au niveau de l’indemnisation des sinistres. La FFA (Fédération française de l’assurance), par exemple, fait état d’une progression annuelle moyenne de 5 % pour la facture des accidents corporels de 2010 à 2018. Ce phénomène vient notamment de l’augmentation du dédommagement prévu pour les personnes blessées. D’autre part, la hausse annuelle se chiffre à 3 % pour le coût des accidents matériels. Avec la crise du Covid-19, cette tendance risque de s’accélérer. Une conjoncture que les analystes peinent à cerner Depuis le déconfinement, les assureurs affirment constater une reprise notable de leur activité et du taux de sinistralité. Cette situation s’explique par la prédilection pour la voiture dans le contexte sanitaire actuel. En effet, les consommateurs veulent éviter autant que possible les transports en commun. Ils utilisent ainsi leur véhicule personnel. De plus, ils se contentent de vacances en France, eu égard aux circonstances. Jean Prévost, PDG de BCA Expertise (spécialiste de l’expertise automobile), a toutefois tenu à préciser : Même s'il y a déconfinement, le trafic routier n'a pas encore repris comme avant. Le télétravail à grande échelle persiste, la faiblesse de l'activité économique a encore un impact sur la mobilité. On était à presque - 80 % de sinistres sur un an au mois d'avril, mais en juin, la baisse de la sinistralité était encore de 26 %. Jean Prévost En somme, la crise du Covid-19 continue de confondre les experts en raison de son caractère inédit. Le trafic et la sinistralité sont supposés augmenter rapidement, mais restent relativement faibles. Toutefois, les tarifs ne peuvent pas être diminués, car le contexte sanitaire engendre des hausses de coûts hors indemnisations. Aucune révision tarifaire avant l’année prochaine La circulation routière et le nombre de sinistres automobiles en France ont fortement baissé durant le confinement. Les assureurs ont donc fait des économies conséquentes sur les indemnisations. De ce fait, certaines compagnies comme la MAIF ont pu reverser les sommes économisées à leurs clients. Cette initiative a été appréciée par les assurés. L’UFC-Que Choisir a ainsi réclamé sa généralisation dans le secteur en avril dernier. En effet, tous les assureurs automobiles ont bénéficié des effets de la conjoncture. L’association de défense des consommateurs estime que ces acteurs ont économisé jusqu’à 2,2 milliards d’euros durant le confinement. Fin avril, la FFA a rapidement réagi à cette requête. Elle a décliné la proposition en invoquant le risque de rebond du nombre d’accidents cet été. Les acteurs du secteur continuent de mettre en avant cet argument pour justifier leur refus d’envisager une révision des tarifs avant la fin de l’année. Les chiffres constatés en juin dernier laissent dubitatifs concernant la pertinence de ce motif. Néanmoins, ce dernier peut être défendu dans une certaine mesure. En effet, les fournisseurs de pièces et les garages doivent gérer de nouvelles dépenses (kits de protection, réorganisation post-confinement, etc.). De plus, la crise sanitaire continue de perturber les chaînes d’approvisionnement.