Alors que les entreprises affichent leur bonne santé, la croissance économique reste limitée. De + 0,5 % au quatrième trimestre 2016, elle est tombée à + 0,3 % pour les trois premiers mois de cette année. Pour le directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE, le décalage n’est pas surprenant. Meilleure situation financière des entreprises L’économiste Mathieu Plane souligne la hausse constante de l’investissement, tant des ménages que des entreprises. Pour ces dernières, l’augmentation de 1,3 % enregistrée pour le trimestre s’explique par la fin imminente des dispositifs d’amortissement accéléré. En effet, sans visibilité quant à l’après-élection, les entreprises ont opté pour une accélération de leurs investissements productifs. Grâce à ce dynamisme, les créations d’emplois ont également crû de manière significative, signe d’une reprise économique. De manière générale, en 5 ans, la santé financière des entreprises a connu une nette amélioration, contrastant avec un repli de 0,5 % de la production industrielle. En revanche, l’investissement public a reculé, notamment à cause des difficultés rencontrées par les collectivités locales. Le pourcentage du PIB est même tombé à un seuil jamais observé depuis 1952. Le moral des ménages est bon D’après l’Insee, le moral des dirigeants d’entreprise, comme des ménages, est excellent. Le pouvoir d’achat de ces derniers aussi a progressé en 5 ans malgré une forte hausse de l’inflation au dernier trimestre dû à l’augmentation des prix des matières premières. Cette évolution explique la hausse minime de la consommation (+ 0,1 %). Le rachat de crédits reste une solution prisée pour réduire son taux d’endettement. Grâce à une durée de remboursement allongée, le montant des mensualités est allégé. Les explications du décalage Concernant le commerce extérieur, ses résultats négatifs sont dus en partie aux stocks. Ils augmentent avec les importations et diminuent à mesure des commandes. Toutefois, même en excluant les effets de stocks, la contribution reste en dessous de zéro. Par ailleurs, les mesures fiscales gouvernementales ont échoué à faire grimper les parts de marchés. Elles ont néanmoins permis de redresser les marges des entreprises. Mais celles-ci n’ont pas opté pour une baisse des prix censée améliorer la compétitivité, et donc les parts de marché à l’international. Il semble donc qu’elles aient choisi l’autre stratégie, qui consiste à financer une montée en gamme de l’industrie grâce aux marges. L’approche, adoptée par exemple par l’Allemagne, a l’avantage de permettre un repositionnement, mais les effets sont moins rapidement perceptibles. Enfin, pour l’économiste, les chiffres sont à prendre avec prudence. Les résultats trimestriels sont en effet systématiquement révisés à la hausse depuis 2011, parfois jusqu’à 0,5 point de PIB selon une étude de l’OFCE.