En France, de nombreux professionnels de santé remettent en cause la capacité de séquençage du pays. Jugée insuffisante, celle-ci pourrait favoriser la propagation du variant indien. Par ailleurs, des difficultés de traçage laissent craindre l’existence de nombreux cas non détectés. Il est donc demandé à ce qu’un partenariat entre les centres de génomique humaine et les établissements privés soit établi. Outre-Manche, Londres estime que le rythme de déconfinement sur le territoire pourrait être temporisé. Pour cause, l’incidence du variant indien s’avère de plus en plus inquiétante dans le pays. Alors qu’en France la levée des restrictions continue, plusieurs médecins ont appelé à une vigilance accrue. Le diabétologue et généticien Philippe Froguel recommande notamment de surveiller de près cette version du coronavirus. Jusqu’ici, 24 personnes ont été infectées par ce variant. Le professionnel souligne que 22 d’entre eux revenaient d’un séjour en Inde. En revanche, les deux infectés restants semblent être des cas isolés. En effet, aucun lien n’a pu être retracé avec ce pays. Avoir une meilleure visibilité sur la situation Les experts craignent que le nombre total de résultats positifs ne fasse l’objet d’une sous-évaluation. D’après eux, d’autres cas non repérés pourraient circuler à l’heure actuelle. Une circonstance qui risque de favoriser les contaminations, et donc de peser sur les sociétés de mutuelle santé. Philippe Froguel prévient : On est totalement aveugles, on fait l’autruche, il faut déconfiner en gardant les yeux ouverts. Philippe Froguel De son côté, Éric Karsenti, biologiste et membre de l’Académie des sciences, appuie la nécessité d’une meilleure surveillance épidémiologique. Afin d’estimer au mieux les cas de transmission et d’appréhender l’apparition de nouveaux variants, le scientifique avance que : Il faut séquencer le plus possible d’échantillons positifs […]. Éric Karsenti Il juge nécessaire d’atteindre au minimum 10 000 échantillons hebdomadaires séquencés. Cet objectif se situe largement au-dessus du nombre de tests effectués dans la semaine du 3 au 9 mai. Sur cette période, 4 434 opérations (+5,2 %) ont été comptabilisées par EMER-GEN. Ce consortium est entre autres chargé de la surveillance du variant anglais. Collaboration entre les établissements privés et publics D’après le chef du service de virologie et bactériologie de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, une amélioration du séquençage reste possible. Il préconise par ailleurs de réduire à moins de 15 jours la parution des résultats des études flash. Pour l’instant, l’identification du variant indien à travers les tests reste impossible en France. Seules les analyses en laboratoire permettent de déterminer cette caractéristique. Aussi, Philippe Froguel incite les autorités sanitaires à mettre en place un dispositif de séquençage de grande envergure. Une initiative qui ne pourra se concrétiser que par un partenariat entre les établissements privés et les centres de génomique humaine. Pourtant, ces derniers connaissent actuellement une situation tendue en matière d’activité. Ils ne peuvent donc pas garantir la délivrance de résultats dans un délai raisonnable. Ceci constitue une difficulté supplémentaire pour le contrôle de la propagation des nouveaux variants.