Le président-directeur général d’Atol les Opticiens s’est livré à une interview où il dresse notamment le bilan de la réforme 100 % santé dans le secteur de l’optique. Selon lui, ce dispositif est pour le moment un fiasco, car excluant les personnes les plus précaires. Or, leur en donner accès était supposé être son objectif premier. La réforme 100 % Santé se veut être la garantie de l’égalité d’accès aux soins pour tous les Français sans exception. Grâce à ce dispositif, le reste à charge des consommateurs est réduit, car ce sont la Sécu et les enseignes de mutuelle optique, auditive et dentaire qui prennent en charge la majeure partie des prestations et des achats d’équipements de soins tels que les prothèses ou les lunettes. Mais cette réforme n’aurait pas à ce jour l’effet escompté. Le président-directeur général d’Atol les Opticiens, Éric Palt, explique que ce dispositif a entrainé une standardisation des prix. De plus en plus d’opticiens revoient ainsi leurs tarifs à la baisse. Baisse de la qualité Cette standardisation des tarifs n’est pas une bonne nouvelle. En effet, les opticiens expliquent que ces prix réduits n’arrivent même pas à compenser les dépenses liées à la production de verres et de montures. Une baisse généralisée des tarifs risquerait ainsi d’engendrer de lourdes pertes, ce qui fait que les professionnels de l’optique devront réduire leurs marges de dépenses. La solution logique serait alors de s’approvisionner à l’étranger, notamment en Chine où les produits reviennent beaucoup moins chers. Néanmoins, produits moins couteux va de pair avec une baisse de la qualité. À Éric Plat de dénoncer : C'est le bien-être visuel des consommateurs qui est menacé. […] Au nom de quoi l'État français peut-il priver certains consommateurs d'acheter des produits de bien-être visuel et des options de confort ? Éric Plat Qui plus est, s’approvisionner à l’étranger aggraverait le bilan carbone. Pour le président-directeur général d’Atol les Opticiens, le gouvernement français doit mettre sur pied des dispositifs afin d’inciter les professionnels de l’optique à maintenir leurs productions en France et ne pas s’approvisionner à l’étranger. Selon ce dernier, il est d’autant plus important pour les Français d’accéder à des lunettes de qualité après cette année de confinements où ils se sont surexposés à des écrans. Des opticiens peu scrupuleux ? Éric Plat a également dressé le bilan de la réforme 100 % Santé. Pour lui, ce dispositif est pour le moment un fiasco. Il explique que le but premier de la réforme 100 % Santé est de garantir l’accès aux soins des ménages en situation de précarité. Or, pour l’heure les plus précaires sont exclus de ce dispositif. L’exécutif n’est pas du même avis quant au succès de la réforme 100 % Santé. Une enquête a récemment été menée pour juger de l’efficacité de ce dispositif dans les secteurs dentaire et de l’optique. Concernant le secteur dentaire, la réforme semble être un succès, les consommateurs ayant pu avoir accès à toute une panoplie de soins et de prothèses à un reste à charge réduit. Dans de nombreux cas, des assurés n’ont même pas eu à dépenser le moindre centime. ImportantEn revanche, s’agissant du secteur de l’optique, le bilan est moins fameux. En effet, seulement 14 % des verres de lunettes ont été vendus dans le cadre de la réforme 100 % Santé. Selon des observateurs, ce bilan résulte du fait que certains opticiens ne font pas savoir aux consommateurs l’existence de ce dispositif. Pour faire la lumière sur cette affaire, le gouvernement a demandé à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes de mener une autre enquête.