Sur six mois, les résultats opérationnels de la plupart des firmes automobiles se révèlent glorieux en dépit des problèmes de fourniture. Les clients supportent une partie de l’addition engendrée par ces difficultés dans une situation d’importante demande. Un phénomène observé sur le marché des voitures neuves, mais également sur celui de l’occasion. Alors que la pénurie de composants électroniques continue de secouer l’industrie auto, les constructeurs semblent s’être accommodés à la conjoncture. À ce titre, Daimler et Volkswagen ont affiché des résultats clairement supérieurs aux bilans du marché. Chez VW, cela se traduit par un bénéfice d’exploitation de 11 milliards d’euros sur le premier semestre 2021. Les autres groupes devraient présenter les mêmes tendances. L’analyste auprès de Kepler Cheuvreux, Thomas Besson, prédit que Stellantis, General Motors et Ford divulgueront certainement des profits exceptionnels. Néanmoins, les fabricants demeurent circonspects alors que le manque de semi-conducteurs devrait encore se maintenir. Hyundai et Daimler ont notamment lancé une alerte en ce sens. Une hausse de la demande Les deux groupes ont averti que pour les mois qui viennent, les problèmes de ravitaillement plomberont toujours leurs opérations commerciales. Toutefois, ils maîtrisent la situation tant que la demande reste élevée. Selon Thomas Besson, en 2021, ils devraient pouvoir : […] Passer au consommateur final l’intégralité de la hausse du coût des matières premières. Thomas Besson Sur ce point, les prouesses des six premiers mois de l’année découlent d’un vif rebond de la demande, estiment les experts. Ils constatent principalement cette reprise en Chine et en Amérique du Nord. Dans ce cadre, les véhicules sortis d’usines mis sur le marché se raréfient en raison de la baisse de productivité. Une conséquence de l’insuffisance de puces électroniques. Pour information, la crise de semi-conducteurs a réduit entre janvier-juin 2021 la production à l’échelle du globe de 4 millions de voitures. Le directeur de l’antenne parisienne d’AlixPartners, Alexandre Marian anticipe : […] Le nombre de voitures non produites sera de 4,9 millions sur les 9 premiers mois de l’année […]. Alexandre Marian On enregistre une perte totale de 110 milliards de dollars sur les bénéfices envisageables pour l’industrie. Sur ce point, les conséquences peuvent se révéler plus lourdes si l’on tient compte de tout l’écosystème du secteur. En effet, le recul peut aussi se répercuter sur le volume de recours à une simulation assurance auto. Les clients paient la facture de la crise Dans cet environnement de manque de véhicules commercialisés, les tarifs flambent. Thomas Besson synthétise qu’en Amérique du Nord, les rabais régulièrement accordés aux acquéreurs ont grandement décru. Ce qui entraîne une envolée des marges, explique-t-il. La poussée de la demande est aussi remarquée sur le marché de l’occasion. En conséquence, les plus-values des industriels qui prennent en charge eux-mêmes le développement de leurs voitures augmentent, ajoute le professionnel. Et de poursuivre que sachant que la location avec option d’achat est devenue une solution clé pour écouler des automobiles neufs : […] Les constructeurs récupèrent tout au long de l’année de gros volumes de véhicules ayant trois ou quatre ans d’âge. Grâce à l’explosion du tarif des modèles de seconde main, la revente de ces véhicules rapporte actuellement plus qu’en 2020, révèle-t-il. AlixPartners avance que comparativement à l’an dernier, ce coût a grimpé de 25 % en moyenne. La disproportion entre la demande et les biens disponibles a alors transvasé la note de la pénurie vers les consommateurs.